tout ce qui ne s exprime pas s imprime

Cest un sujet primordial, car aujourd'hui, dans l'évaluation d'une entreprise, tout ce qui ne s'exprime pas en termes financiers est sous-estimé. Sur le même sujet VEOLIA ENVIRONNEMENT La maladie apparente, le problème apparent, conscient, est en réalité la guérison d'autre chose. La maladie vient me guérir d'un mal plus profond () Le problème apparent est Tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime! » Corps à Coeur est un lieu où les messages du corps sont écoutés et pris en compte. Le corps n’est pas juste un « instrument » ou un « Ce qui ne s'exprime pas s'imprime" 25 Nov 2021. Dans notre société, dans certaines familles, et en fonction de notre éducation, nous avons parfois appris qu'il n'était pas Grâceà ce procédé purement dualiste tout, absolument tout, est exprimable par une suite de 0 et de 1. On ne peut parvenir à l’infini mais le simple fait de le tutoyer permet d’affirmer que tout est dicible. Ceci est unidimensionnel. Pour aller encore plus loin on peut identifier un point d’une sphère par intersection du grand cercle passant par ce point et les deux pôles. On cote Meilleur Site De Rencontre Gratuit Forum. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, s'exprime depuis Ville-du-Bois dans l'Essonne. TLFi Académie9e édition Académie8e édition Académie4e édition BDLPFrancophonie BHVFattestations DMF1330 - 1500 IDÉE, subst. A. − Ce que l'esprit conçoit ou peut Tout ce qui est représenté dans l'esprit, par opposition aux phénomènes concernant l'affectivité ou l'action. Les hommes ont des images avant d'avoir des idées; ils voient les corps avant de connoître les esprits Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 251.La danse est aussi révélation et langage, car elle provoque inconsciemment ou révèle volontairement des états, des idées ou des sentiments intraduisibles par des mots Bourgat, Techn. danse,1959, p. 10.♦ Avoir l'idée représenter. On a l'idée de point en considérant la marque faite sur une feuille de papier avec une aiguille ou la pointe d'un crayon bien taillé Roux, Miellou, Géom.,1946, p. 7 1. Dans les dessins, la fragmentation dévoile la complexité de nos représentations les plus simples. L'idée que nous avons d'une harpe est la combinaison d'une grande quantité d'éléments images visuelles de bois doré pour le cadre, de lignes parallèles pour les cordes, de spirale comme ornement, d'images auditives, d'impressions personnelles, etc. Un enfant mis en présence du dessin d'une harpe n'y voit rien d'autre que des éléments simples. Warcollier, Télépathie,1921, p. [Point de vue de la qualité, de la forme de l'idée] Avoir, se faire l'/une idée claire, complète, exagérée, précise de qqc. ou de qqn. Si l'on découvrait ce journal, il donnerait de moi une idée fort inexacte, car je n'y mets guère que ma vie extérieure Green, Journal,1936, p. 58 2. L'Empereur expliquait la netteté de ses idées et la faculté de pouvoir, sans se fatiguer, prolonger à l'extrême ses occupations, en disant que les divers objets et les diverses affaires se trouvaient casés dans sa tête comme ils eussent pu l'être dans une armoire. Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. Concevoir, exprimer, se former une idée approximative, complexe, concrète, confuse, distincte, imparfaite, insuffisante, nette, sommaire, superficielle, vraie; faible, vague idée; idée d'ensemble.− Représentation élémentaire, sommaire. Synon. aperçu, donner, se faire une idée de qqc. ou de qqn; ces chiffres suffisent à donner une idée de; vous avez une idée de ce que cela peut être? Vous pouvez avoir une idée de mon ouvrage et de son étendue en jetant un regard sur la couverture que je joins à ma lettre Balzac, Corresp.,1843, p. 600.Elle était venue, comme ça, en passant, regarder les couronnes, pour se faire une idée. Elle demandait les prix Aragon, Beaux quart.,1936, p. 127.V. féminin ex. 7 3. La nature a percé plusieurs rochers du globe, pour y faire passer des veines d'eau et des filons de métal .... Pour donner une idée de ces aqueducs souterrains, je dirai deux mots de celui que j'ai vu à l'Ile-de-France. Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 225.− Loc. diverses♦ Ne pas avoir l' idée, n'avoir aucune, nulle idée, ne pas avoir la première, la plus légère, la plus petite idée de qqc. Ne pas connaître, ignorer totalement. Ceux qui le poursuivent exigent de cet homme qu'il éprouve des sentiments dont il n'a même pas l'idée Mauriac, Journal 2,1937, p. 140.Vous ne l'avez pas vu?... Vous n'avez pas la moindre idée de l'endroit où je pourrais le joindre? Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 82 4. On proclama la république romaine du haut du Capitole, mais il n'y avait de républicains dans la Rome de nos jours que les statues; et c'était n'avoir aucune idée de la nature de l'enthousiasme que d'imaginer qu'en le contrefaisant on le ferait naître. Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 511.♦ Avoir, se faire l'/une idée de qqc. Imaginer. Donner une idée de qqc. Le faire concevoir, imaginer. Je pense souvent aux gens qui ont passé des années dans les cages de fer des prisons, au Moyen Âge, et je me fais un peu idée de leurs souffrances parce que je sais ce que c'est qu'une insomnie Aragon, Beaux quart.,1936, p. 478.J'ai idée des difficultés que vous avez rencontrées Lexis 1975.[Le plus souvent à la forme négative, p. exagér.] On ne peut, on ne saurait avoir, donner, se faire l'idée de; vous n'avez pas idée comme c'est agaçant, combien je suis heureux. Vous ne vous faites pas une idée de l'aplomb de ces gens-là! Zola, E. Rougon,1876, p. 202.On n'a pas idée où la vanité d'une maîtresse de maison peut se nicher Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 24.Abs. Toute la journée attaché là, et rien, absolument rien à faire! Au début les heures me paraissaient longues, longues, tu n'as pas idée Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 714.Ne pas avoir, se faire d'/l'idée de qqc. vieilli. De loin nous ne nous faisons pas d'idée de ce que c'est que l'autorité d'un despote qui connaît de vue tous ses sujets Stendhal, Chartreuse,1839, p. 264.V. agile ex. 34.♦ À la forme négative, fam. [Pour exprimer la surprise, l'étonnement devant l'invraisemblance d'une chose, d'une action] On n'a pas idée ou a-t-on idée de + inf. ou subst..Il n'est pas concevable d'agir ainsi. On n'a pas idée de ça! On n'a pas idée d'une folie pareille! grommela la vieille dame. Se faire du mal pour du papier imprimé! Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 138.Vous devriez avoir honte de parler d'un dégoûtant qui a été révoqué pour mœurs, espèce de dévergondée. A-t-on idée de faire rougir une femme de mon âge! Ça ne vous portera pas bonheur Bernanos, Crime,1935, p. 816.V. apprendre ex. fam. On n'a pas idée! A-t-on idée? Est-ce possible? J'ai vu une Anglaise qui a passé quelques jours chez des voisins à eux; on n'a pas idée!... Elle se promène dans son jardin presque toute nue H. Bataille, Maman Colibri,1904, IV, 1, p. 27.Je suis celle qui est là pour t'empêcher de mourir, comme tu dis! de mourir, a-t-on idée! Claudel, Échange,1954, II, p. 763.♦ Fam. Avoir l'idée que, avoir comme une idée que, plus cour. avoir idée que. Avoir l'impression, croire, s'imaginer, penser que. J'ai toujours eu l'idée que vous arriveriez par moi aux honneurs et à la fortune Scribe, Camaraderie,1837, III, 6, p. 300.Mon cher Berthier, j'ai l'idée que le ministère tombera au début de la session A. France, Lys rouge,1894, p. 333.Il s'est mis tout le monde à dos. Nous n'avions pas idée qu'on pût à ce point le détester Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 38.Rem. La docum. enregistre la constr. vieillie prendre une idée de. Synon. avoir, se faire une idée. Son ignorante vie avait cessé tout à coup, elle raisonna, se fit mille reproches. Quelle idée va-t-il prendre de moi? Il croira que je l'aime » Balzac, E. Grandet, 1834, p. 123. Il eût fallu voir, pour en prendre une idée, son front couvert de sueur, et cependant résigné, ses yeux mouillés de larmes, et cependant levés au ciel Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 374. Ce futur, qui est en elle à l'état de désir et qu'elle n'a plus l'énergie de réaliser, cultive-le, prends-en une idée claire Barrès, Homme libre, 1889, p. 131.b [Point de vue de la résonance affective de l'idée]− [Le plus souvent au plur., suivi d'un adj. indiquant le degré affectif de l'idée] Leur présence m'imposoit une mortelle contrainte, et réveilloit en moi des idées accablantes Genlis, Chev. cygne, t. 1, 1795, p. 115.Il nourrissait des idées grises, des idées noires, que sais-je? des pressentiments Gide, Caves,1914, p. 839.V. attaquer ex. Idée affreuse, agréable, atroce, chagrine, consolante, étrange, gaie, importune, insupportable, souriante, terrible; idées douces, drôles, lugubres, moroses, sinistres; être assailli de, chasser des, entretenir des, être porté aux idées sombres; idées dégoûtantes, lubriques, malsaines, obscènes, sordides.− Loc. verb., fam. Être dans ses idées. Être obnubilé par qqc., avoir des idées noires. Ces diables de violons qui s'avisent de jouer cet air-là justement aujourd'hui, − quand je suis dans mes idées Murger, Scènes vie jeun.,1851, p. 138.c [Point de vue du mode de relation de l'idée aux autres idées] Enchaînement, liaison des idées; idées cohérentes, embrouillées, sans suite. Les foules sont inspirées par des associations d'idées très simples. Vous ne leur ferez pas faire une émeute un jour de fête A. France, Bergeret,1901, p. 364.Il s'assit sur l'escabeau. Il n'avait plus une idée dans la tête. Les minutes étaient lentes. Le temps se traînait Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 98 5. Paris, 7 juin 1822. Cette soirée me fait l'effet d'un songe heureux, j'en suis encore tout enivré. Je cherche à rassembler mes idées, je ne le puis le bonheur qui remplit mon âme étourdit ma pensée ... » Ampère, Corresp.,1822, p. a Mettre de l'ordre dans ses idées; sauter d'une idée à l'/une autre; se changer, rafraîchir les idées à/de qqn; chasser, écarter, éloigner, repousser une/des idées. b Classification, combinaison, coordination, cours, fil des idées.− PSYCHOL., MÉD. Association* d'/des idées; fuite* des idées; idée fixe*; idées délirantes*. d [Point de vue de l'objet de l'idée; le plus souvent suivi de de] Se faire à une idée. Tout à coup, il lui vient une idée qui la jeta dans un trouble inexprimable Jules allait croire que, comme son père, elle méprisait sa pauvreté! Stendhal, Abbesse Castro,1839, p. 154.L'idée d'un emprunt lui revint, elle finit par accepter, à la condition qu'elle lui rendrait ce qu'il dépenserait pour elle Zola, Germinal,1885, p. 1243.La puissance de ce brasseur d'affaires dont l'existence éveillait l'idée d'une torche en flamme, secouée par les vents, fumeuse mais éblouissante Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 831.V. afféterie ex. 5, blondeur ex. 4, cernure ex. 1 6. Les Anciens ont toujours senti que l'idée de la mort a sa volupté; l'amour et les fêtes la rappellent, et l'émotion d'une joie vive semble s'accroître par l'idée même de la brièveté de la vie. Staël, Corinne, t. 1, 1807, p. 236.− L'idée de + subst. ou inf.; l'idée fait de se représenter quelque chose. Être préoccupé, tourmenté de/par l'idée que; la seule idée, à la seule idée, rien qu'à l'idée de, que. Annette avoit été effrayée par l'idée que M. de Durantal pouvoit ne pas avoir de foi en Dieu Balzac, Annette, t. 2, 1824, p. 127.Jean Valjean devint pâle. La seule idée de redescendre dans cette rue formidable le faisait frissonner Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 630.À l'idée que vous pourriez ne pas aller droit en paradis, j'en ai tout le corps qui tremble Zola, Dr Pascal,1893, p. 13 7. ... rien n'importe beaucoup de ce qui peut nous advenir sur terre, puisque la seule idée de ce qui nous attend plus tard suffit dès maintenant à nous combler de joie. Green, Journal,1938, p. La docum. et qq. dict. du xixeet xxes. enregistrent le sens vx, quasi-synon. de image, souvenir. Le scintillement des étoiles, la clarté de la lune, le calme profond qui m'environnoit, le parfum des fleurs, la nuit, l'heure, le mystère, tout rappeloit à mon cœur un souvenir délicieux et déchirant... Les idées si chères que me retraçoit l'imagination n'agissoient que sur mes sens; enivré, éperdu, je n'en étois que plus infortuné Genlis, Chev. cygne, t. 1, 1795, p. 208. Je demande pardon au lecteur de lui rappeler l'idée d'un pareil monstre, par des vers aussi misérables; mais il faut connoître l'esprit des temps Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 155. Je l'aime de toutes les forces de mon âme, et dans mon abandon complet, dans ma profonde douleur, il n'y a que son idée qui puisse encore m'offrir de la joie Hugo, Corresp., 1821, p. 326. Elle s'étonnait d'avoir trouvé si ridicules les idées réveillées par le récit de Madame de Thémines Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 10.2. Ce qui n'existe que dans l'esprit, dans l'imagination, par opposition à ce qui existe en fait, dans la réalité, de façon concrète. Synon. chimères, illusions, rêves, avec ses idées. Il se repaît d'idées Littré. Il nous a entretenu de ses idées Ac. 8. Ce ne sont pas des idées qu'il faut à ce peuple remuant [le peuple français], mais des faits, des récits historiques, des couplets et Le Moniteur! Voilà tout jamais d'abstraction. Baudel., Salon,1846, p. 165.− Loc. fam.♦ Se faire une/des idéess; se mettre, se fourrer fam. des idées dans la tête, en tête. Imaginer des choses fausses, sans fondement. Pourquoi penser, ou dire du moins, que si tu me demandais à écouter ton drame, je ferais sourde oreille? Voilà ce que je ne te pardonne pas. Ce sont ces idées que tu te fourres en tête Flaub., Corresp.,1847, p. 8.Il ne me croit plus, dit-elle avec désespoir .... Il va me détester à cause d'une idée qu'il se fait Barrès, Jard. Oronte,1922, p. 218.V. accrocher ex. 28 9. ... ils se disaient, en scrutant des yeux la nuée rouge de Verdun Il ne faut pas exagérer. De là-haut on se faisait des idées. Tout ne brûle pas. Loin de là. Suffit de regarder. Il y a des incendies de côté et d'autre. Mais il y a des pâtés de maisons, des carrés de bâtiments qui continuent d'être bien sombres, bien peinards ... ». Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. iron. Synon. se faire des espère recevoir des compliments, il se fait des idées Lar. Lang. fr.. ♦ Avoir des idées. Avoir en tête des fantasmes sexuels. Donner des idées à qqn. Éveiller des fantasmes sexuels; exciter l'imagination de quelqu'un. Leurs bêtises [des hommes] lui causaient si peu de plaisir, qu'elle restait sale exprès, afin de ne pas leur donner des idées Zola, Pot-Bouille,1882, p. 265.Elle est comme toutes les mères. Je lui dis parfois Mais tu les embêtes, tes fils. Laisse-les donc tranquilles. C'est toi qui leur donnes des idées, avec toutes tes questions... » Gide, Faux-monn.,1925, p. 1114 10. Si vous avez ce qu'on appelle des idées... » ou plutôt ... ce que l'on appelle vulgairement des idées... » il ne savait pas au juste ce qu'elle voulait dire. Peut-être la baiser sur la bouche, ou même faire le mal avec elle. Green, Moïra,1950, p. 220.♦ [Pour exprimer l'étonnement devant le caractère non fondé d'une affirmation, irréalisable d'un projet, insolite ou absurde d'une action, d'un comportement]En voilà une drôle d' idée! En voilà des idées! Moi?... Ah! par exemple!... en voilà des idées!... où vas-tu chercher tout cela, mignonne? Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 109 11. le vérificateur Vous ne voudriez pas m'accompagner, dans ma prochaine tournée? Laurency, surpris Moi, en voilà une idée! Lenormand, Simoun,1921, 7etabl., p. idée de + subst. ou inf. Mon Dieu! Que ces gens étaient ridicules! Je sais bien que nous le serons autant qu'eux dans vingt ans, mais cette idée d'un troubadour avec un casque et une lyre! Colette, Cl. école,1900, p. 231.− Célestine, soyez franche avec moi... Monsieur ne vous a jamais poussée dans un coin?... Il ne vous a jamais embrassée?... Il ne vous a jamais...? Non cette idée! Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 51.Et cette idée de se poudrer la nuque! Tout d'elle lui était odieux Montherl., Bestiaires,1926, p. 404 12. Je trouve ta question stupide, − Marie-Louise était agacée, − tu n'es pas juif que je sache, tu ne t'es jamais occupé de politique... Tout le monde va rentrer à Paris à la fin des vacances, cette idée! Quand on n'est ni Allemand émigré, ni Polonais, je ne vois pas pourquoi on ne rentrerait pas chez soi! Triolet, Prem. accroc,1945, p. idée avez-vous là! Sortir par un temps pareil, quelle idée! Littré. Moi, t'en vouloir! Quelle idée! Hermant, M. de Courpière,1907, II, 4, p. 16.Quelle idée a eue ce vieux respectable monsieur d'introduire dans sa maison un serviteur comme moi? Je vous demande suis-je ici à ma place? Bernanos, Joie,1929, p. 543 13. − Vous souvenez-vous d'Adrienne? Elle partit d'un grand éclat de rire en disant Quelle idée! » Puis, comme se le reprochant, elle reprit en soupirant Pauvre Adrienne » Elle est morte au couvent de Saint-S..., vers 1832. » Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 626.− Création de l'esprit; être imaginaire. Synon. invention; apparence, fantôme, mythe, donc que Lélia? une ombre, un rêve, une idée tout au plus Sand, Lélia, t. 1, 183, p. 47.Des types vagabonds qui cherchent de la matière, ou bien des créatures s'évaporant en idées Flaub., Tentation,1856, p. 593 14. ... je me créai un fantôme de femme pour l'adorer. Je m'épuisai avec cette créature imaginaire, puis vinrent les amours réels avec qui je n'atteignis jamais à cette félicité imaginaire dont la pensée était dans mon âme. J'ai su ce que c'était que de vivre pour une seule idée et avec une seule idée, de s'isoler dans un sentiment, de perdre de vue l'univers et de mettre son existence entière dans un sourire, dans un mot, dans un regard. Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 796.♦ [Pour exprimer le fait qu'une quantité est si petite qu'elle est presque inexistante] Une idée de + une larme, un poil, un rien, un scrupule, un Landry avait une idée de gaieté et de courage de plus que son aîné, Sylvinet était si fin d'esprit qu'on ne pouvait pas l'aimer moins que son cadet Sand, Pte Fad.,1849, p. 14 15. Le Soir de Paris s'est ... évaporé il n'a pu lutter contre la naphtaline; il faudrait renifler la plinthe au-dessous de l'œil-de-bœuf, pour retrouver peut-être un reste de parfum, une idée de parfum. Bory, Mon Village à l'heure allemande, Paris, Flammarion, 1945, p. 79.[Employé adverbialement] Culotte et pourpoint m'allaient comme un gant, bien qu'une idée larges Arène, J. des Figues,1870, p. 64.La porte s'entre-bailla; oh! à peine! un rien, une idée! tout juste assez pour qu'un mince fil de lumière tombât du plafond au plancher Courteline, Conv. Alceste, Margot, 1888, p. 75.Excellents, les mouvements de Maîtres Chanteurs! Une seule fois, au moment d'attaquer la marche, ça allait une idée trop vite Willy, Bains de sons,1893, p. 193.3. [Avec mise en œuvre de la puissance créatrice de l'intelligence] Conception de quelque chose à Surtout dans les domaines artistique, littéraire, originale et/ou féconde; première conception de quelque chose; donnée fondamentale. On lui doit l'idée de cette machine Lar. 20e, Lar. encyclop.. L'œuvre à accomplir amène nécessairement l'ouvrier le besoin donne l'idée, et c'est l'idée qui fait le producteur Proudhon, Propriété,1840, p. 226.Pour un grand artiste, l'idée, la vision d'un tableau peuvent jaillir de l'émotion d'une lecture, et les plus beaux thèmes plastiques s'ordonner et s'épanouir au rythme d'un poème A. Michel, Peint. fr. xixes., 1928, p. 105 16. Toute la faiblesse et le manque d'originalité du romancier Bourget est dans l'aveu qu'il vient de faire que la conception de Suzanne Moraines lui a été inspirée par MmeMarneffe, de Balzac. Prendre l'idée d'un roman dans un roman, et ne la pas prendre cette idée dans un événement humain ou une individualité caractéristique que vous avez côtoyée, là est ce qui distingue le romancier qui ne l'est pas de celui qui l'est. Goncourt, Journal,1888, p. a Idée centrale, dominante, essentielle, fondamentale, prépondérante, principale d'une œuvre; idée directrice d'un écrivain, d'un homme de sciences, d'une œuvre; idée maîtresse, mère. b Chercher, donner une idée de conte, de pièce. c Breveter une idée; développer, expliquer une idée.− En partic., domaine de la création artistique et littér. Esquisse, ébauche. Jeter une/des idées sur le papier; ce n'est encore qu'une idée. L'idée première, le croquis, qui est en quelque sorte l'œuf ou l'embryon de l'idée, est loin ordinairement d'être complet Delacroix, Journal,1847, p. 169 17. Il est remarquable que, dans les premières idées du Dona, qui datent du temps du Credo − soit de 1820, − il ne soit aucunement question de l'assaut de la guerre − ou extérieure, ou intérieure. Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 416.− MUS. ,,Phrase musicale, d'ampleur variable, qui semble le noyau d'une œuvre ou d'une partie d'une œuvre et se prête à des développements ultérieurs`` Lar. encyclop.. Les développements considérables [de cet allegro] roulent constamment sur la même idée Berlioz, À travers chants,1862, p. 45 18. Le concerto qu'il nous a joué semblait tout entier fait pour lui. La robuste carrure du rythme, le puissant mouvement des idées, dans l'allegro et le finale, s'accordaient pleinement avec les qualités de son archet et de son violon. P. Lalo, Mus.,1899, p. Cour. Conception neuve et/ou inattendue; solution originale à un problème. J'ai des tas d'idées fam.; c'est une idée à lui fam.. Elle le félicitait de son bon goût − Ah! c'est mignon, extrêmement bien! Il n'y a que vous pour ces idées » Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 69.Ne craignez rien; j'ai mon idée pour entrer Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 309.Nanteuil dit qu'il fallait s'adresser au docteur Trublet. − C'est une idée! s'écria Pradel A. France, Hist. comique,1903, p. 153 19. Tenez! une idée me vient. Vous devriez faire une retraite de quelques mois, dans votre Auvergne, au sein de votre aimable famille... Bernanos, Imposture,1927, p. 422.♦ [Concerne également I A 3 c] L'idée de qqc.; l'idée de faire fait de penser à, d'imaginer quelque chose et/ou le projet de quelque chose. Quelle bonne idée vous avez eue de venir aujourd'hui! Personne n'aura l'idée l'idée ne viendrait à personne de vous chercher ici. C'était, tout de même, une étrange mécanique qu'une femme. Jamais il n'avait eu l'idée d'étudier cela. Il commençait à entrevoir des complications extraordinaires Zola, E. Rougon,1876, p. 67.Notre curé ... qui se croit un homme d'initiative, a eu l'idée d'un service pour les sinistrés de la Martinique Bloy, Journal,1902, p. 96.L'astrologie, qui eut l'idée géniale de rebaptiser les douze signes du zodiaque et de les remplacer poétiquement par les douze maisons du ciel Boll, Qq. sc. captivantes,1941, p. 194.V. coiffage ex. 1 20. La commode est une des créations les plus intéressantes de l'époque [le xviiesiècle]. Jusque-là, le linge était rangé dans des coffres. Au xviesiècle, les cabinets avaient révélé la commodité des tiroirs. Dans un coffre à dessus fixe, surélevé sur quatre pieds, on eut l'idée de pratiquer des grands tiroirs. Viaux, Meuble Fr.,1962, p. a Idée alléchante, bouffonne, dangereuse, diabolique, épatante, étonnante, funeste, hasardeuse, heureuse, inapplicable, ingénieuse, lumineuse, machiavélique, neuve, saugrenue, séduisante, singulière, stupide; excellente, fameuse, malencontreuse, riche idée; drôle d'idée; idée de génie. b Lancer, pousser une idée; recueillir des idées. c [Concerne I A 3 b et c]. Une idée germe, naît, jaillit; une idée est dans l'air, a de l'avenir, fait son chemin; une idée frappe, illumine, occupe; une idée se présente, vient à l'esprit; une idée traverse qqn, l'esprit, le cerveau, la cervelle, la tête; une idée entre dans la tête, passe par la tête; trotte dans la tête la cervelle, sort de la tête; une idée vient de qqn.♦ Souvent au plur., abs. [Concerne I A 3 a et b; pour insister sur le caractère d'originalité, d'invention] Être dénué, dépourvu, plein d'idées; médiocrité, pauvreté, vide d'idées; une tête à idées, boîte à idées; les idées ne viennent pas. Le voilà qui se met à développer ce texte avec une abondance d'idées, une richesse de vues si fines ou si profondes, un luxe de métaphores si brillantes et si pittoresques, que c'était merveille de l'entendre Chênedollé, Journal,1822, p. 113.Je souffre ... d'un certain manque d'idées proprement dites, de vues, de vérités, qui après tout constituent la vraie richesse d'un esprit Amiel, Journal,1866, p. 59.Avoir des idées. Avoir l'esprit fécond, ingénieux 21. Il avait des idées. À dix ans il avait inventé une trappe à mouches, à douze une nouvelle méthode pour gonfler les pneus de bicyclette, à quatorze un moulin à distribuer les cartes à jouer. Queneau, Loin Rueil,1944, p. Intention, envie, désir; projet. Avoir des idées intéressées; vous aviez bien une idée en me posant cette question? J'ai applaudi à ses projets, je l'ai encouragé dans ses idées de mariage Champfl., Souffr. profess. Delteil,1855, p. 240.Je me décidai à tout vendre, et me trouvai tout d'un coup ne plus posséder que le cinquième à peine de ce que j'avais hérité de ma grand'mère .... On le sut d'ailleurs à Combray ..., on se dit Voilà où mènent les idées de grandeur » Proust, Fugit.,1922, p. 640.Il ne lui posait pas cette question dans l'idée d'écouter sa réponse, mais simplement pour lui crier sa colère A. Chamson, Roux le bandit, Paris, Grasset, 1925, pp. 50-51 22. Un jour dans ses lointains voyages en Orient, s'étant éloigné de sa caravane aux environs d'Antioche, le jeune duc, en causant avec les guides du pays, entendit parler d'un mendiant dont on s'écartait avec horreur et qui vivait, seul, au milieu des ruines. L'idée le prit de visiter cet homme, car nul n'échappe à son destin. Villiers de L' Contes cruels,1883, p. Abandonner, caresser, lâcher, mûrir une idée; reprendre une vieille idée; applaudir à une idée; revenir à son idée.− [Au sens fort] Détermination, résolution. Avoir l'idée bien arrêtée, avouée de faire qqc.; personne n'a pu lui ôter cette idée de la tête. Elle prétend qu'elle est souffrante et que l'air de la campagne lui fera du bien... Vous savez, quand les femmes ont une idée, il n'y a pas à aller contre Theuriet, Mais. deux barbeaux,1879, p. 97.Paule eut un petit rire Toi, quand tu as une idée dans la tête! Beauvoir, Mandarins,1954, p. 138.V. bachique ex. 7 23. Ah non! Jamais elle ne changerait d'idée. Ni sa mère, ni personne ne lui arracherait un aveu. Rose-Anna voyait le visage de sa fille dans une petite glace posée au mur, au-dessus de la table. La bouche était dure, le regard volontaire, presque insolent. Roy, Bonheur occas.,1945, p. N'avoir qu'une idée dans la tête, en tête; mettre, fourrer fam. une/des idées dans la tête de qqn; ne pas démordre d'une idée; s'entêter dans son idée; renoncer, tenir à une idée; avoir de la suite dans les idées; une idée de derrière la d'idée comme de chemise. V. chemise I A 2 Conception impliquant un jugement de valeur; manière de Point de vue en général; opinion. Je n'ai pas d'idée là-dessus; il a des idées sur tout. Il réalise l'idée vulgaire qu'on se fait du poëte, ardent, impétueux, endetté, inégal en conduite et en fortune Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 182.Ce sont des idées d'enfant, qu'on ne peut faire les choses qu'avec excès Montherl., Exil,1929, II, 8, p. 67.V. agricole ex. 20 et cautionner ex. 2 24. Il est évident qu'un paria hindou, un guerrier de l'empire Inca, un primitif de l'Afrique centrale, ou un membre des premières communautés chrétiennes n'avaient pas la même idée de la révolte. Camus, Homme rév.,1951, p. a Avoir, donner, se former une bonne, grande, haute idée, une idée élevée de qqc. ou de qqn; approuver, combattre, émettre, imposer, partager une idée; s'ouvrir à une idée; confirmer qqn dans son idée; partir d'une idée, sur une idée fausse; avoir, réviser son idée sur qqn ou qqc. b Idée solidement ancrée, choquante, bien établie, toute faite le plus souvent au plur., hardie, neuve, préconçue, reçue le plus souvent au plur., très répandue, sensée.− Domaine de la méthode expérimentale.[Chez Cl. Bernard] Idée a priori ou préconçue. Hypothèse la plus probable que l'expérimentateur émet sur la cause d'un fait brut et dont la valeur est contrôlée au moyen d'autres faits empruntés à l'observation et à l'expérimentation. La constatation du fait brut doit nécessairement précéder son interprétation, car c'est la vue du fait brut qui doit donner naissance à l'idée préconçue ou à l'hypothèse que l'on peut faire relativement à sa cause C. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 55.V. circonstance ex. 4 et esclave ex. 6 25. ... le premier mouvement de l'esprit scientifique est une hypothèse ou une idée a priori à l'aide de laquelle l'esprit s'élance au-delà du fait brut pour arriver dans le champ du rationalisme qui est le véritable terrain scientifique. C. Bernard, Princ. méd. exp.,1878p. 77.− Manière d'agir et/ou de penser; manière de voir.♦ À + adj. poss. + à ma ta,... façon, à ma ta,... guise; selon sa faire qu'à son idée; juger, vivre à son idée. Vous aurez cinq années ennuyeuses c'est-à-dire cinq années pendant lesquelles il vous faudra observer la règle, mais après cela, vous en ferez à votre idée Green, Journal,1943, p. 24.V. enfanter ex. 1.♦ À dans + adj. poss. + à mon ton,... avis, selon ce que je tu,... penses.− À mon idée, il a été évacué par un autre régiment. − Mais non, il était blessé; les boches ont dû le ramasser Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 24.La lecture étant dans son idée une occupation purement dominicale, et trop noble aussi pour s'y adonner en habits de travail Guèvremont, Survenant,1945, p. 57.♦ Être de l'idée de qqn vx.Être de son avis. Quoique sans doute la petite soit de mon idée, il faut pourtant lui demander son avis Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 26.b Au plur. Ensemble des vues ou opinions en tout domaine d'une personne ou d'un groupe de personnes. Tu as tes idées, j'ai les miennes; il a les idées de son siècle. Les idées religieuses sont celles qui ont le plus de prise sur les ames sensibles Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1911.Il faut tuer les gens qui n'ont pas vos idées? Sartre, Mains sales,1948, 5etabl., 2, p. 189.V. antipodique ex. 2, continuer ex. 12 et baigner ex. 9 26. Je pense quelquefois que, si les hommes du siècle de Louis XIV pouvaient revenir au milieu de nous, avec leurs idées graves et leur forte raison, ils seraient bien étonnés de la manière dont on discute aujourd'hui les questions les plus importantes, et en vérité, j'ose croire qu'ils seraient moins frappés du progrès des lumières que du progrès des passions, et de l'affaiblissement des préjugés que de l'affaiblissement de l'intelligence. Lamennais, Lettres Cottu,1820, p. 100.♦ Entrer, être dans les idées de connaît le prospectus, il entre dans les idées du marchand, il n'est pas fier Balzac, C. Birotteau,1837, p. 156.Vous savez, je ne vous suis guère dans vos idées, dit Edmond. Je ne suis pas un partageux, et le socialisme me laisse sceptique Aragon, Beaux quart.,1936, p. 280.Tu m'as laissé être des équipes de secours, où il y avait un risque. Et tu m'interdis d'être de la résistance, à cause du risque. Est-ce que la résistance ne serait pas dans tes idées? Montherl., Demain,1949, I, 2, p. 714.SYNT. a Accepter, accueillir, adopter, analyser, combattre, heurter, partager, professer, propager, respecter, soutenir, faire triompher des idées; fixer les idées sur un sujet; se rallier à des idées; convertir qqn à, exposer ses idées; être acquis, hostile, ouvert à, touché par, imprégnés des idées de qqn. b Attachement, fidélité à des idées; communion, divergence, échange, sympathie d'idées. c Idées d'un artiste, d'un écrivain, d'une classe sociale, d'une époque, d'une génération, d'un homme politique sur qqc. ou en matière de; idées d'égalité, de fraternité, de justice, d'ordre, de revendication, de révolte, de tolérance. d Idées esthétiques, littéraires, morales, philosophiques, politiques, scientifiques, sociales; idées bourgeoises, monarchistes, libérales, progressistes, réformistes, républicaines; idées fortes, généreuses, nobles, philanthropiques, romanesques; idées arrêtées, avancées, courtes, étroites, rétrogrades, subversives; être large d'idées; idées actuelles, modernes, nouvelles, périmées, traditionnelles; idées à la mode, de l'ancien temps, d'un autre temps, qui n'ont plus cours; grandes, hautes, vieilles idées.− Abs., au plur. L'ensemble du mouvement intellectuel concernant une époque, une civilisation. Courant, mouvement, progrès des idées. Dans l'histoire des idées et des mœurs, Jean-Jacques peut bien aujourd'hui apparaître, en face des philosophes, comme un mainteneur de la sensibilité religieuse Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 124.V. côtoyer ex. 2 27. C'est énoncer une vérité désormais banale que de dire que ce sont les idées qui mènent le monde. C'est d'ailleurs dire plutôt ce qui devrait être et ce qui sera, que ce qui a été. Il est incontestable qu'il faut faire dans l'histoire une large part à la force, au caprice, et même à ce qu'on peut appeler le hasard, c'est-à-dire à ce qui n'a pas de cause morale proportionnée à l'effet. Renan, Avenir sc.,1890, p. 23.− En partic., abs., au plur. Écrivain, littérature, théâtre d'idées. Écrivain, littérature, théâtre dont l'objet est de développer des idées, des thèses. V. flatter ex. de Apoll., Tirésias, 1918, p. 866 28. [Dans la littérature modern style] les chroniqueurs du temps distinguent un théâtre d'idées », un théâtre d'amour », et un théâtre gai » .... D'excellents techniciens [du théâtre d'idées »], doublés d'observateurs aigus, mettent en scène les problèmes sociaux, font de la satire des mœurs électorales, des manigances financières, des abus coloniaux, des mariages d'argent, des dénis de justice, de la fausse noblesse, ou de l'éternel Don Juan. P. O. Walzer, Litt. fr., Le xxes., Paris, Arthaud, 1975, p. 97.− Au plur. cour. et au sing. littér.. Direction d'une pensée, système doctrinal, idéologie; le ou les principes qui est ou qui sont à la base de cette pensée, de ce système, de cette idéologie. L'idée monarchiste, républicaine. L'idée fouriériste Littré. Dans cette insouciance du pays pour Charles X, il y a autre chose que de la lassitude il y faut reconnaître le progrès de l'idée démocratique et de l'assimilation des rangs Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 670.Ce qui ruinerait l'idée marxiste, ce serait de vouloir que le progrès technique ait déterminé par lui-même tous les changements de l'ordre moral Alain, Propos,1933, p. 1150 29. Quand l'idée de la palingénésie du monde se répandit parmi les Juifs, toutes ces peintures d'un monde renouvelé, d'une Jérusalem nouvelle, vinrent s'appliquer à cette palingénésie du monde, et donnèrent à l'idée juive une précision, une netteté comparable à celle qui peut résulter pour nous de la vue des choses manifestées et présentes. P. Leroux, Humanité, t. 2, 1840, p. 720.− Au sing. Manière particulière de concevoir la vie, la société, la civilisation, que l'on érige en norme d'action ou que l'on donne pour but à ses pensées et à ses actes. Synon. y avait dans la Convention une volonté .... Cette volonté était une idée indomptable et démesurée qui soufflait dans l'ombre du haut du ciel. Nous appelons cela la révolution Hugo, Quatre-vingt-treize,1847, p. 188.Cet homme qui passait le premier, ce n'était pas pour de l'argent qu'il venait tuer ceux qui se traînaient là-haut, c'était pour une idée, pour une foi Malraux, Cond. hum.,1933, p. 385 30. Depuis son enfance qu'elle avait passée sous le chevet rose, vert et jaune de santa Maria del Fiore, elle était habitée par l'idée monastique. Elle ignorait toute passion. C'est pourquoi elle avait choisi l'ordre le plus secret et le plus paisible, la Visitation de Mantoue. Jouve, Paulina,1925, p. Se dévouer à, mourir pour, se sacrifier à, servir une idée; être animé, mû par une idée; incarner une idée; l'idée chrétienne, républicaine, alimenter, inculquer l'idée révolutionnaire, une idée humanitaire; une idée juste; une belle idée.♦ Au sing., abs., vx. ,,Ensemble idéal des aspirations du génie et de l'époque`` Littré. Les penseurs sont les serviteurs de l'idée Littré 31. Soyons frères; ayons L'œil fixé sur l'Idée, ange aux divins rayons. L'idée, à qui tout cède et qui toujours éclaire Prouve sa sainteté même dans sa colère! Hugo, Châtim.,1853, p. − Seulement au sing., souvent pop. et fam. L'esprit qui conçoit. Synon. imagination, intelligence, restait enfant très tard, ce qui impatientait Cadine. Il n'avait pas plus d'idée qu'un chou, disait-elle Zola, Ventre Paris,1873, p. 766.Soudain, et de concert, ils laissèrent tomber leurs bras au long de leurs cuisses, et s'interrogèrent jusque dans l'âme et jusque dans l'idée Cladel, Ompdrailles,1879, p. 277.− [Le plus souvent précédé de à, dans, de, en avec ou sans déterminant] Se mettre qqc. dans l'idée; cela m'est sorti de l'idée; on ne m'ôtera pas cela de l'idée. Il me vint en idée de me ménager un asile contre le désespoir Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 91.Ma résolution était prise et rien ne pouvait plus m'en faire changer. Il me vint bien à l'idée que je pouvais ne pas être dans mon droit, mais je me moquai bien de cette idée A. France, Bonnard,1881, p. 473.J'ai déjà dans l'idée un autre article sur un sujet merveilleux l'idée de continuité et ses applications dans l'art contemporain Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 123.− Loc. diverses♦ En idée. [P. oppos. à en fait, en réalité] Synon. en est si doux, parmi les désenchantements de la vie, de pouvoir se reporter en idée sur de nobles caractères, des affections pures et des tableaux de bonheur Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 95.♦ Fam. Dans + adj. poss. + + adj. poss. + conception des choses. J'suis pas marié à la mairerie... Mais j'suis marié... dans mon idée Benjamin, Gaspard,1915, p. 14.♦ Fam. Avoir l'idée à qqc. Synon. avoir l'esprit, la tête à qqc.; prêter attention à n'avait plus du tout l'idée aux femmes, parce qu'il faisait déjà très froid; mais on rêvait à des choses incohérentes ou merveilleuses, comme dans le sommeil Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 185.♦ Abs., pop. et fam. Avoir de l'idée. Être intelligent, avoir l'esprit plein de ressources. Caporal, demanda Pache, d'une voix un peu tremblante, vous qui avez de l'idée, si vous pouviez le tuer sans lui faire du mal? Zola, Débâcle,1892, p. 450.Tu comprends, lui dit-il amicalement, t'as de l'idée, mais tu gueules pas assez Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 28.II. − PHILOSOPHIEA. − [Souvent avec majuscule] Norme idéale, absolue, forme de la [Chez Platon et ses héritiers] Ce qui appartient au domaine de l'intelligible et qui seul possède la perfection éternelle et la réalité absolue. Le monde des Idées. Il [Platon] pose le monde des idées de façon que nous n'en soyons que la dégradation Du Bos, Journal,1924, p. 19.La philosophie platonicienne de l'Idée philosophie où les Idées ... sont regardées comme des sortes d'entités, existant séparément des objets singuliers pour lesquels elles jouent le rôle de paradigmes R. Blanché, La Log. et son hist., Paris, A. Colin, 1970, p. 22.V. archétype ex. 2, abstraction ex. 19 et âme ex. 32 32. La théorie platonicienne des idées peut être, au moment de la République, ramenée à ces quatre formules les idées sont l'être; elles sont identiques et absolument distinctes; l'être est intelligible; l'être intelligible procède de l'idée de bien. H. D. Gardeil, Les Étapes de la philos. idéaliste, Paris, Vrin, 1935, p. 19.− P. ext., lang. cultivée. Type idéal créé par l'esprit. Synon. sœur divine ... ô fleurie, ô transfigurée! Tu n'es plus la petite Asiatique dont je fis ton modèle indigne. Tu es son idée immortelle, l'âme terrestre de l'Astarté qui fut génitrice de sa race Louÿs, Aphrodite,1896, p. 41.♦ LITT. symbolisme. Forme éternelle de toute chose. Le poète mallarméen ne précipite toute matière dans le non-être que pour laisser subsister l'idée de l'objet disparu, sa forme seule parfaite, son essence immuable Béguin, Âme romant.,1939, p. 382 33. Le Poète pieux contemple; il se penche sur les symboles, et silencieux descend profondément au cœur des choses, − et quand il a perçu, visionnaire, l'Idée, l'intime Nombre harmonieux de son Être, qui soutient la forme imparfaite, il la saisit, puis, insoucieux de cette forme transitoire qui la revêtait dans le temps, il sait lui redonner une forme éternelle, sa Forme véritable enfin, et fatale − paradisiaque et cristalline. Gide, Traité Narcisse,1891, p. [Chez Kant; p. oppos. à catégorie ou concept de l'entendement] Idée ou Idée a priori ou transcendantale; idées de la Raison pure. Concept nécessaire de la raison pure auquel ne peut correspondre aucun objet donné par les sens et qui répond à l'exigence d'unification de tous nos raisonnements. Les idées ne sont autre chose que des catégories pures élevées à l'absolu, et capables de se rapporter aux catégories ordinaires, de manière à en prolonger sans limites l'application à des objets d'expérience V. Delbos, La Philos. pratique de Kant, Paris, Alcan, 1926 [1905], p. 203 34. Les principes absolus, qui contiennent la totalité des conditions pour un conditionné donné, c'est-à-dire, au fond, qui contiennent l'inconditionné, ces principes sont l'œuvre d'une autre faculté que l'entendement. Kant les appelle idées transcendantales et les rapportent à la raison. R. Verneaux, Les Sources cartésiennes et kantiennes de l'idéalisme fr., Paris, Beauchesne et fils, 1936, p. [Chez Hegel; p. oppos. à concept subjectif] Pensée absolue, objective, en soi, dont procèdent par développement dialectique la Nature et l'Esprit d'apr. Foulq. 1971. La Nature est un moment de la vie de l'Idée, le moment où elle s'extériorise avant de s'intérioriser dans l'Esprit E. Bréhier, Hist. de la philos., Paris, 1968 [1932], tome 2, fasc. 3, p. 660 35. L'Idée [it. ds le texte], catégorie dans et par laquelle le concept de la subjectivité transcendantale et l'objectivité des sciences » se saisissent dans leur identité profonde et, du même coup, définissent liberté et rationalité comme étant des termes exactement interchangeables. F. Chatelet, Hegel, Paris, Seuil, 1969, p. − Objet d'une certaine connaissance; simple mode de la [Chez Descartes et ses héritiers] Ce qui est conçu immédiatement par l'esprit. Idée adéquate, adventice, claire, confuse, distincte, factice, innée, obscure. L'idée est une détermination de la pensée; elle est donc le premier objet immédiatement connu R. Verneaux, Les Sources cartésiennes et kantiennes de l'idéalisme fr., Paris, Beauchesne et fils, 1936p. 122 36. Il [Descartes] abandonne même le sens scolastique du mot idée signifiant les archétypes éternels par lesquels Dieu pense les choses pour désigner par idées les modes de la pensée humaine. L'idée est donc, chez Descartes, d'étoffe mentale. F. Alquié, La Découverte métaphysique de l'homme chez Descartes, Paris, 1966 [1950], p. [Dér. de 1; p. oppos. à image] Idée ou Idée générale. Représentation intellectuelle, abstraite, générale, d'un objet. Synon. y a deux manières de modifier une idée, savoir dans sa compréhension ou dans son extension Destutt de Tr., Idéol. 2,1803, p. 104.V. abstrait ex. 3 et 4 37. Une idée générale est toujours une idée abstraite, et il n'existe pas d'idée abstraite qui ne soit abstraite d'une série d'expériences humaines. Gaultier, Bovarysme,1902, p. 113.− [Le plus souvent suivi de de + subst.] L'idée d'éternité, d'homme, de justice, de mouvement, de nature, de puissance, de quantité, de substance. Il suffit d'analyser l'idée de cause dans ses usages contemporains pour voir combien elle conserve de traces de ses diversités originelles Lalande, Raison et normes,1948, p. 58.V. amoral ex. 6.♦ [Emploi didactique principalement dans les travaux universitaires] R. Folz, L'Idée d'empire en Occident du veau xivesiècle. Paris, Aubier, 1953. Cf. également supra I B ex. de premier terme de mots composés lié ou non au second terme par un trait d' Le second terme désigne α La nature ou l'élément moteur de l'idée. Je vous donne pour gage de ma foi, le spectacle inconnu au monde d'un roi acceptant le sacerdoce de l'époque nouvelle, apôtre armé de l'idée-peuple, architecte du temple de la Nation Sand, Mél.,1843, p. 278.La république, votre foi, votre idée-patrie, puise une vie nouvelle dans vos tortures Hugo, Actes et par. 2,1875, p. 52. β L'objet, la destination de l'idée, en partic., dans le vocab. de la publicité. Idées-vacances spéciales-zone-franc-tout-compris Publicité Air-France ds cadeau peut-être pas totalement nouvelle mais vraiment jolie, une gourmette de bébé en or, à chaînette Elle,4 déc. 1972, p. 136.b Le second terme α Spécifie la nature ou le type particulier de l'idée. Le mot est cet être étrange une idée-chose. Il possède à la fois l'impénétrabilité de la chose et la transparence de l'idée, l'inertie de la chose et la force agissante de l'idée Sartre, Sit. I,1947, p. 221.En face d'un rêveur de pensées savantes, comme fut Robinet, qui organise ses idées-visions en système, un psychanalyste habitué à délier des complexes familiaux serait bien inopérant Bachelard, Poét. espace,1957, p. 113.V. éclair C ex. de Benda, Fr. byz., 1945, p. 245. En aux qualités premières des corps, parmi elles il en est une, savoir la figure, qui semble propre à être représentée par l'idée-image; et en effet il est certain que l'apparence visible, la figure des corps extérieurs placés devant nous, devant l'organe de la vision, se peint sur la rétine Cousin, Hist. philos. xviiies., t. 2, 1829, p. 359.PHILOS., PSYCHOL. Cette unité indissoluble du penser et de l'agir est la loi psychologique d'importance capitale que nous résumons par le terme idée-force. Tout état de conscience est idée en tant qu'enveloppant un discernement quelconque, et il est force en tant qu'enveloppant une préférence quelconque; si bien que toute force psychique est, en dernière analyse, un vouloir A. Fouillée, La Psychol. des idées-forces, Paris, Alcan, tome 1, 1893, p. X. β Qualifie l'idée en précisant sa fonction. Arrêtons-nous donc au moins un moment, à examiner ce qui résulte de cette idée première dont toutes les autres suivent, de cette idée-principe dont nous ne pouvons que tirer des conséquences, de cette idée mère dont nous ne faisons que recueillir les productions Destutt de Tr., Idéol. 3,1805, p. 497.L'idée-levier de ce charmant esprit? C'est de se faire installer une véranda à Vernon Renard, Journal,1901, p. 644.Le cube à six faces égales est l'idée-limite par laquelle j'exprime la présence charnelle du cube qui est là, sous mes yeux, sous mes mains, dans son évidence perceptive Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 236.L'idée-clef de l'habitude, la règle eidétique qui commande toute enquête empirique, est que le vivant apprend » par le temps Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 264. adj. et subst.,domaine des a Adj. Dont le but est l'expression de l'idée ou des idées. En exprimant le programme de la nouvelle école, dans un article célèbre du Mercure de France, Albert Aurier ne faisait autre chose que résumer Delacroix L'œuvre d'art, disait-il à son tour, sera idéiste, puisque son idéal unique sera l'expression de l'idée; symboliste puisqu'elle exprimera cette idée par des formes... » Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 269.b Subst. α Subst. fém. École de peinture d'après laquelle l'œuvre d'art est ou doit être l'expression de l'idée ou des idées. Ces deux ... esthétiques rivales, la naturaliste et l'idéiste, l'une professant que l'extériorité des choses est, en elle-même, intéressante et suffisante à l'œuvre d'art; l'autre, l'idéiste, niant, au contraire, cela et ne voulant considérer les formes matérielles que comme les lettres d'un mystérieux alphabet naturel servant à écrire les idées, seules importantes, puisque l'art n'est qu'une matérialisation spontanée et harmonieuse des idées J. Huret, Enquête sur l'évolution littéraire,1891, p. 131 ds Quem. DDL t. 13. β Subst. masc. Peintre représentant cette école. On annonce un nouveau Salon des Impressionnistes, ..., un des Symbolistes, et ... celui des Idéistes Le Journ. amusant,9 janv. 1892ds Quem. DDL t. 17.Prononc. et Orth. [ide]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a 1119 idees formes des choses présentes de toute éternité en Dieu » Ph. de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 1523; 1370-72 ydee archétype commun constituant la notion générale d'une espèce; notion intellectuelle préexistante d'un être ou d'un objet particulier » Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 113; b 1458 ydees types, préexistant dans notre intention, d'une action que nous ferons plus tard » A. Greban, Mystère de la Passion, éd. O. Jodogne, 48; 1670 projet, dessein » Molière, Amants magnifiques, 2. a 1487 forme ou image » Vocabulaire latin-français, Loys Garbin, idea; b 1552 image d'un objet ou d'un être, telle que les sens la perçoivent » Ronsard, Les Amours, 13 ds Œuvres, éd. P. Laumonier, IV, p. 30; c 1564 image de quelque chose ou de quelqu'un, telle que l'esprit la conserve dans le souvenir et se la représente par l'imagination » Thierry; 3. a 1583 représentation, en tant qu'objet de pensée, d'un être ou d'une chose dans notre esprit, quelle que soit l'origine de cette représentation Ph. Desportes, Elégies, éd. V. E. Graham, II, 5; b 1656 ensemble de pensées et de jugements appliqué à un ou plusieurs objets et constituant une opinion plus ou moins motivée » Pascal, Provinciales, XIV ds Œuvres compl., éd. L. Lafuma, p. 439b. B. a 1616 par idee de façon imaginaire » A. d'Aubigné, Tragiques, éd. A. Garnier et J. Plattard, II, p. 86, 1178; b 1643 en idée id. » P. Corneille, La suite du Menteur, II, 1. Du lat. idea idée [de Platon], type de choses » en lat. tardif forme visible » d'où 2, lui-même empr. au gr. ι ̓ δ ε ́ α proprement forme visible, aspect » d'où forme distinctive, espèce », qui se rattache à ι ̓ δ ε ι ̃ ν comme le lat. species à spectare, inf. aoriste2de ε ι ̃ δ ο ν voir »; pour l'hist. de ce mot v. FEW t. 4, pp. 532-535. Fréq. abs. littér. 47 911. Fréq. rel. littér. xixes. a 85 873, b 59 538; xxes. a 61 944, b 61 326. Bbg. Gohin 1903, p. 247, 336. - Meschonnic H.. Essai sur le ch. lex. du mot idée. Cah. Lexicol. 1964, t. 5, pp. 57-68. - Quem. DDL t. 9, 12, 13, 17. - Sckomm. 1933, pp. 53-60 - Zumthor P.. Pour une hist. du vocab. fr. des idées. Z. rom. Philol. 1956, t. 72, p. 350. La maladie, LE MAL A DIT… La relation entre les émotions et les maladies. Tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime! » Corps à Coeur est un lieu où les messages du corps sont écoutés et pris en compte. Le corps n’est pas juste un "instrument" ou un "véhicule", je le considère comme un temple le temple de l’âme et aussi comme " le film de votre vie".Toutes les émotions que vous refoulez à l’intérieur de vous-même parce que vous ne pouvez pas ou ne voulez pas les verbaliser, peuvent se cristalliser dans différentes parties de votre émotions génèrent des symptômes physiques, par exemple la peur, l'angoisse donnent des palpitations cardiaques, des vertiges, sueurs, tremblements, mains aussi • LA PANIQUE peut provoquer des diarrhées.• LA COLÈRE retenue ou LA RANCUNE une crise de foie.• LA DIFFICULTÉ A TROUVER OU A PRENDRE SA PLACE peut provoquer des infections urinaires à répétition.• QUELQUE CHOSE QU’ON NE VEUT PAS ENTENDRE OU QUAND ON NE VEUT PAS S’ÉCOUTER, des otites, douleurs d’oreilles.• QUELQUE CHOSE QU’ON N’A PAS OSÉ DIRE, QU’ON A RAVALÉ , une angine, des maux de gorge.• UN REFUS DE CÉDER, DE PLIER, D’OBÉIR OU DE SE SOUMETTRE, des problèmes de genoux.• PEUR DE L’AVENIR, PEUR DU CHANGEMENT, PEUR DE MANQUER D’ARGENT, des douleurs lombaires.• INTRANSIGEANCE, RIGIDITÉ, douleurs cervicales et nuque raide.• CONFLIT AVEC L’AUTORITÉ, douleurs d’épaules.• TOUT PRENDRE SUR SOI, également douleurs d’épaules, sensation d’un fardeau.• SERRER LES DENTS POUR AFFRONTER QUELQU’UN OU UNE SITUATION SANS RIEN DIRE…douleurs dentaires, aphtes, abcès.• PEUR DE L’AVENIR, DIFFICULTÉS A ALLER DE L’AVANT, OU BESOIN DE LEVER LE PIED » douleurs dans les jambes, les pieds, les colonne vertébrale est aussi un merveilleux terrain d’investigation de toutes nos émotions sûr, il ne faut pas généraliser, l’origine d’une douleur peut être tout simplement mécanique, un faux mouvement ou un coup de froid….mais si vous ne trouvez pas d’explications contextuelles, alors essayez d’entrer "en contact" avec ce qui se joue au plus profond de ma part, j’utilise régulièrement l’ouvrage de Jacques Martel Le grand dictionnaire des malaises et des maladies pour mettre des mots sur les maux…cet ouvrage est une sorte de guide pour comprendre " ce qui se joue" que je pourrais avoir tendance à refouler, ou à ne pas vouloir "regarder"…En voici quelques extraits Le FOIE représente les choix, la colère, les changements et l’ peut souffrir du foie quand on ne parvient pas à s’adapter à des changements, professionnels ou familiaux.• Difficultés d’ajustement à une situation.• Sentiment de manque continuel ou peur de manquer.• Colère refoulée.• Personnes sujettes aux maladies du foie les personnes qui critiquent et qui jugent beaucoup elles-mêmes et les autres et/ou qui se plaignent VÉSICULE BILIAIRE est en rapport avec l’extérieur, la vie sociale, la lutte, les obstacles, le battre. Esprit de conquête.• Se faire de la bile, s’inquiéter, s’angoisser.• Sentiment d’injustice. Colère, rancune.• Se sentir envahi, empiété sur son territoire par une personne autoritaire.• Agressivité rentrée et ruminante, mécontentement retenu.• Se retenir de passer à l’action. Difficultés à faire un choix, de peur de se GLANDE THYROÏDE• Profonde tristesse de ne pas avoir pu dire ce qu’on aurait voulu.• Sentiment d’être trop lent par rapport à ce qu’on attend de nous.• Impuissance, sentiment d’être coincé dans une situation, être devant un mur, dans une impasse.• Être bloqué dans la parole ou dans l’action, être empêché d’agir.• Pas le droit de parler, de s’exprimer. Ne pas se sentir écouté. Difficultés à s’affirmer.• Une déception ou une injustice n’a pas été avalée » et est restée en travers de la HERNIESEn règle générale de la détresse implose à l’intérieur et demande à être libérée.• Désir de rompre ou de quitter une situation où on se sent coincé, mais où l’on reste par peur de manquer de quelque chose, généralement du matériel.• Auto-punition parce qu’on s’en veut, incapacité à réaliser certaines choses qu’on voudrait.• Frustration de travailler dur, se sentir poussé à aller trop loin, ou essayer d’atteindre son but d’une manière excessive, qui en demande trop. Une poussée mentale de stress essaie de en plus, le lieu où siège l’hernie indique son message émotionnel de manière plus précise et complémentaire > Hernie inguinale dans l’aine difficulté à exprimer sa créativité, secret que l’on renferme et qui nous fait souffrir. Désir de rompre avec une personne qui nous est désagréable, mais avec laquelle on se sent engagé ou qu’on est obligé de côtoyer. On aimerait sortir, s’extirper de cette situation.> Hernie ombilicale nostalgie du ventre de la mère où tout était facile et où se sentait totalement en sécurité. Refus de la vie.> Hernie discale conflit intérieur, trop de responsabilité, sentiment de dévalorisation, ne pas se sentir à la hauteur de ce qu’on attend de nous, projets et idées non reconnus. La colonne vertébrale représente le d’être appuyé, soutenu, mais difficulté ou impossibilité de demander de l’aide.> Hernie hiatale se sentir bloqué dans l’expression de ses sentiments, de son ressenti. Refouler ses vouloir diriger, ne pas se laisser porter par la vie mais la GENOUXDouleurs aux genoux, genoux qui flanchent, genoux qui craquent, douleurs aux ménisques refus de plier, de se mettre à genoux » de se soumettre de céder, fierté, ego, caractère inflexible ou au contraire, on subit sans rien oser dire, on s’obstine, mais nos genoux nous disent que nous ne sommes pas d’accord avec cette situation.• Difficultés à accepter les remarques ou les critiques des autres.• Problèmes avec l’autorité, la hiérarchie, problèmes d’ego, d’orgueil.• Devoir s’incliner pour avoir la paix.• Ambition réfrénée ou contrariée par une cause extérieure,• Entêtement, humiliation.• Culpabilité d’avoir raison.• Colère d’être trop PEAU >> eczéma, acné, psoriasisLes maladies de peau ont très souvent, à l’origine, un conflit de séparation mal géré, une séparation mal vécue, soit par la mère, soit par l’enfant, ou la peur de rester seul et un manque de aussi envers soi-même dévalorisation de soi vis-à-vis de l’entourage. Porter trop d’attention à ce que les autres peuvent penser de nous.> Eczéma • anxiété, peur de l’avenir,• difficultés à s’exprimer.• Impatience et énervement de ne pas pouvoir résoudre une contrariété.• Séparation, deuil, contact rompu avec un être les enfants, l’eczéma peut résulter d’un sevrage trop rapide ou d’une difficulté de la mère à accepter que son enfant ne soit plus en elle ». Sevrage de l’allaitement ou reprise du travail de la maman et culpabilité non exprimée, mais que l’enfant ressent et somatise ou tensions dans la famille, que l’enfant ressent. Insécurité.> Acné manière indirecte de repousser les autres, par peur d’être découvert, de montrer ce qu’on est réellement, parce qu’on pense qu’on ne peut pas être aimé tel que l’on est. Puisqu’on se rejette, on crée une barrière pour que les autres ne nous approchent pas.• Refus de sa propre image, de sa personnalité ou de sa nouvelle apparence.• Honte des transformations corporelles.• Difficulté à être soi-même, refus de ressembler au parent du même sexe.> Psoriasis personne souvent hypersensible qui n’est pas bien dans sa peau et qui voudrait être quelqu’un d’autre. Ne se sent pas reconnue, souffre d’un problème d’identité. Le psoriasis est comme une cuirasse pour se défendre.• Besoin de se sentir parfait pour être aimé.• Souvent une double conflit de séparation, soit avec deux personnes différentes, soit un ancien conflit non résolu, réactivé par une nouvelle situation de séparation.• Se sentir rabaissé ou rejeté, à fleur de peau.• Se protéger d’un rapprochement physique, ou protéger sa vulnérabilité, mettre une BRAS Il y a de nombreuses causes émotionnelles liées aux douleurs et aux problèmes de bras sont le prolongement du cœur et sont liés à l’action de FAIRE et de RECEVOIR, ainsi que l’autorité, le douleurs aux bras peuvent être liées à de la difficulté à aimer ce que je dois faire. Se sentir inutile, douter de ses capacités, ce qui amène la personne à se replier sur elle et à s’apitoyer sur ses souffrances.• Se croire obligé de s’occuper de quelqu’un.• Ne pas se sentir à la hauteur lorsqu’on est le bras droit » de quelqu’un.• Difficulté à prendre les autres dans ses bras, à leur montrer de l’affection.• Je m’empêche de faire des choses pour moi-même, parce que je me souviens des jugements négatifs et des interdictions durant mon enfance, ce qui m’avait blessé.• Je ne me permets pas de prendre ou je regrette d’avoir pris quelque chose, ou je pense que j’ai obtenu quelque chose que je ne méritais pas.• Ou quelque chose me revient de droit , que je n’ai pas pris, je ressens de la colère.• Se rapporte au fait d’avoir été jugé par ses parents.• Vouloir emprisonner quelqu’un dans ses bras pour l’avoir sous contrôle, mais avoir dû le laisser s’envoler, et ne plus pouvoir l’aimer et le protéger un enfant, par exemple….• Vivre une situation d’échec, devoir baisser les ÉPAULES c’est ce qui PORTE. Les épaules portent les joies, les peines, les responsabilités, les fardeau de nos actions et tout ce qu’on voudrait faire, mais qu’on ne se permet pas, ou qu’on n’ose pas…On se rend responsable du bonheur des autres, on prend tout sur soi, on a trop à faire, on se sent écrasé, pas épaulé, pas soutenu.• Douleurs possibles aussi quand on nous empêche d’agir, ou que l’on on nous impose des choses.• Lorsqu’on vit une situation dont ont ne veut plus, on désire passer à autre chose, mais le manque de confiance en soi nous bloque.• On manque d’appui, on manque de moyens. On ne se sent pas aidé.• Une personne chère ou l’un de nos parents vit de la tristesse et on aimerait prendre son chagrin et ses problèmes pour l’en libérer.• Colère retenue contre un enfant ou une autre personne qui se la coule douce alors qu’on ne se donne même pas le droit de prendre un temps de pause.• Au travail ou à la maison, avec son conjoint, on se sent dans l’obligation de se soumettre, on se sent dominé sans oser réagir.• On vit de l’insécurité affective douleur épaule gauche ou de l’insécurité matérielle douleur épaule droite.Épaules rigides et bloquées blocage de la circulation de l’énergie du coeur, qui va vers l’épaule, puis vers le bras, le bras donne le bras droit et reçoit le bras gauche.Ce blocage d’énergie est souvent retenu dans une articulation ou un tissu capsulite, bursite.L’énergie doit circuler du coeur vers les bras pour permettre de FAIRE, de réaliser ses porte des masques, on bloque ses sentiments, on entretient des rancunes douleurs dans les trapèzes, surtout à gauche. parfois envers paralyse ses épaules pour s’empêcher d’aller de l’avant, de faire ce qu’on aimerait vraiment. On prend le fardeau sur soi plutôt que d’exprimer ses demandes et ses ressentis, de peur de mécontenter l’ ou impossibilité à lever le bras conflit profond avec sa famille, difficulté à voler de ses propres de modifier, clarifier ou de lâcher-prise par rapport à la situation qui vous perturbe. Le mal a dit » = votre douleur essaie de vous dire quelque chose, de vous signaler que quelque chose perturbe l’harmonie en vous, d’attirer votre attention sur quelque chose à changer dans votre vie.Sources livres de Lise Bourbeau, Jacques Martel, Claudia Rainville et Philippe DransartReconnaissez et acceptez ces émotions, si vous les éprouvez, mettez des mots dessus, acceptez votre ressenti. Une fois les émotions négatives reconnues, acceptées et évacuées, le corps peut cesser de vous envoyer ce message de mal a dit. » © Pascal BESSONreproduction intégrale interdite, tout extrait doit citer mon site clés tout,exprime,imprimeArticle retenu par Théranéo pour la Sélection Qualité Autres articles de cette rubrique voir tous Romancier, auteur touche-à-tout, propagandiste des idées libérales pour le grand public, Edmond About 1828-1885 jouit aujourd’hui d’une célébrité en demi-teinte. Ses romans, lus surtout par un jeune public, sont fréquemment réédités ; mais la partie doctrinale de son œuvre, faite de livres comme Le Progrès 1864 ou l’ABC du travailleur 1868, est tombée dans l’oubli, malgré la force des idées libérales qu’ils contiennent et leur style entraînant. Dans l’étude qui suit, la contribution d’About au libéralisme français est étudiée pour la première fois avec profondeur et sur la base de documents inédits. [Avertissement préalable sur son nom et ses origines] Il y a des clairières ou des forêts où vous n’avez pas risqué un demi-pas qu’un écriteau vous annonce un danger ; ne peut-on pas marcher en paix ? Cependant ici je dois moi-même procéder ainsi pour éviter qu’on ne prononce à la manière anglo-saxonne le nom de l’homme dont je vais parler, et pour toute raison je citerai la convenance, la douceur française, l’aménité, quoique j’aie derrière moi aussi la force des faits car en vieux français about, habout, a signifié limite d’un champ, borne, ou encore hypothèque, en droite ligne du latin abbotum, abdoutamentum, et le nom a pu être donné à un arpenteur ; ou alors il honorait un simple pêcheur, en le décorant du nom donné à un filet de pêche que l’on plaçait au bout d’un étang ou d’une écluse pour retenir le poisson. Johannes Baumgarten, Glossaire des idiomes populaires du nord et du centre de la France, 1870, p. 62. Quoi qu’il en soit Edmond About était d’origine modeste ; il ne l’ignorait pas, et en tirait même une certaine fierté, rappelant par exemple dans une dédicace à sa fille Valentine, en ouverture de l’un de ses romans, qu’ils n’ont ensemble pour ancêtre que des pauvres, des humbles et des petits. » Le roman d’un brave homme, 1880, p. vi. Par la gaieté de son tempérament et son écriture légère, par son engagement pour la liberté et ses convictions anti-cléricales, About a plus tard mérité le titre passablement flatteur de petit-fils de Voltaire. Lui-même, dans sa modestie, n’ambitionnait pas d’être mis au rang de si brillants prédécesseurs. Je n’ai reçu de la nature », disait-il, qu’un atome de bon sens, une miette balayée sous la table où Rabelais et Voltaire, les Français par excellence, ont pris leurs franches lippées. » Le Progrès, 1864, p. 3 Un généalogiste dirait qu’il était surtout l’enfant de son siècle. [Premier tir dans son abondante littérature] Auteur d’une œuvre immense, et ayant travaillé tous les genres, Edmond About s’offre à nous dans toute son abondance et sa démesure. Il appelle, par cet excès même, à une classification préalable. L’ironie veut que cet auteur infatigable ait d’abord formé le vœu de la concision. La veille de ses dix-huit ans c’était en février 1846, il affirmait en effet devant l’un de ses amis du collège Charlemagne une résolution ferme et passablement courageuse, dont il a pris plus tard le contre-pied. Si jamais j’écris », affirmait-il alors, je ne ferai pas comme tous ces gens stupides qui, incessamment, entassent volume sur volume ; je publierai peu, je soignerai beaucoup, je reviendrai à la langue des seizième et dix-septième siècle. » Journal de jeunesse de Francisque Sarcey, 1903, p. 15. Sa vie durant, About n’a rien soigné ; sa verve naturelle l’emportait à tous les diables, et il se laissait mener. L’étude de ses manuscrits l’indique d’ailleurs passablement son écriture est claire, sans rature aucune, comme s’il composait sous la dictée d’un autorité supérieure, qui lui inspirât ses phrases. Ayant choisi, de bonne heure, de n’avoir à proprement aucune spécialité, il empruntait aux meilleurs maîtres et œuvrait en propagateur ; il se comparait lui-même au vagabond, dont le destin est de traîner sa destinée précaire sur le terrain de tout le monde, glanant après les moissonneurs, hallebotant après les vendangeurs, braconnant après le plus spirituel et le plus aimable des chasseurs. » Causeries, vol. II, 1866, p. 221 Très fermement convaincu du sens du progrès et de la supériorité de la liberté sur le contrainte, il en propageait les arguments dans toutes les petites batailles de la presse, dans ses œuvres littéraires et dans ses écrits plus sérieux. Au sein de l’armée du progrès, il prenait ainsi tous les rôles tantôt à l’avant-garde, tantôt à l’arrière-garde, tirailleur, éclaireur, enfant perdu, clairon, toujours simple soldat et content de porter l’épaulette de laine, mais fermement résolu à ne jamais me perdre dans la foule honteuse des traînards » Idem, p. 245. Si la presse occupa une si grande place dans sa vie, c’est pour cette raison précise que le journaliste n’élabore pas de lui-même des idées, mais les colporte dans le monde ; qu’il fournit ainsi une nourriture facile et aisément ingurgitable ; enfin qu’il effleure chaque sujet et éclaire un peu le chemin que le lecteur accomplira seul ou guidé par d’autres Idem,p. 340, 89, 260. Le déchaînement des passions dans la presse quotidienne le mécontentait sans le dégoûter, car il gardait une vue claire de l’avenir, et il ne doutait pas que la postérité, dégagée des querelles et des scandales, montrerait de la reconnaissance pour les vrais artisans du progrès, et que pareille à la divinité elle aurait le jugement sûr et reconnaîtrait les siens. Cette vision sereine de l’avenir tranchait, naturellement, avec le combat quotidien des journaux et l’animosité récurrente de la critique et du public, envers nombreuses de ses productions. L’échec terrible de sa pièce Gaëtana est resté célèbre dans l’histoire, et lui-même joua de cette défaveur monumentale, après avoir ruminé patiemment sa colère il ajouta des notes à son texte, pour indiquer les moments où le public avait commencé à siffler, ou ceux pendant lesquels il avait fait savoir qu’il savait imiter les cris des animaux les plus divers ». Gaëtana, drame en cinq actes, 5eédition, 1862, p. 76. C’était, pour un homme du siècle, si intégré dans le débat des idées, la conséquence naturelle de son engagement, et About savait rendre les coups. Dans sa longue carrière de critique d’art, par exemple, il a multiplié les morsures, et disposant d’un vocabulaire très souple il a laissé quelques saillies mémorables, comme cette accusation de crime de lèse-dessin » à l’encontre de Mme Doux et de son Portrait de femme. Nos artistes au salon de 1857, 1858, p. 206. La liste de ses pièces de théâtres, nouvelles et romans, est déroutante, et ses articles de journaux sont proprement innombrables. La contribution à la pensée libérale française étant le seul point de vue par lequel j’aie à considérer About, une vaste partie de son œuvre n’a pas vocation à être étudiée ici. Cependant un grand nombre de ses romans reprennent en arrière-plan des questions d’administration ou d’économie politique, deux domaines qui le passionnaient. L’agriculture et le défrichement, l’industrie et ses métiers, forment le fond du Fellah 1869, du Roman d’un brave homme 1880, de Maître Pierre 1862, de Madelon 1863 ou de l’Infâme 1867. Des considérations sur l’agriculture, les effets d’une fiscalité écrasante, etc., se retrouvent aussi dans certains livres sérieux, consacrés à des questions d’actualité, étrangères au libéralisme à proprement parler, comme La question romaine 1859. Je ferai une exception pour sa Grèce contemporaine 1854, car ce livre a connu un rebond de célébrité il y a quelques années, à l’occasion des déboires financiers de l’État grec. Quant aux autres préoccupations d’About associées à la liberté, et qui se trouvent exposées dans ses romans — voir par exemple la Fille du chanoine, première nouvelle du recueil les Mariages de province 1868, dans lequel About décrit les déboires causés par l’oppression parentale dans la question du mariage — je ne retiendrai que celles qu’il a exposées patiemment dans ses quelques ouvrages de doctrine. Car en marge, d’un côté, de son engagement quotidien dans la presse, et de l’autre de son œuvre légère et même parfois frivole de romancier ou d’homme de théâtre, About a écrit plusieurs livres et brochures consacrées directement aux grandes questions politiques, économiques et sociales. Il y eut même dans sa carrière une décennie spéciale durant laquelle il abandonna la littérature pour traiter, avec son style léger et entraînant, des grands thèmes habituellement couverts par les économistes libéraux tels que Frédéric Bastiat, Michel Chevalier ou Gustave de Molinari. C’est George Sand, semble-t-il, qui le poussa surtout à s’engager dans cette voie. Vous êtes un grand satirique et un grand avocat », lui écrivit-elle en mai 1863 ; vous n’êtes pas fait pour amuser seulement. Vous êtes fait pour redresser et pour instruire. » Correspondance de Georges Sand, vol. XVII, 1964, p. 633. Avant même cette proposition, on peut citer d’About, dans le genre sérieux et libéral ici considéré, sa courte lettre sur la liberté de l’enseignement, publiée en 1860. L’un de ses confrères imprimait alors un projet de réforme aboutissant à confier à l’État l’éducation nationale About repoussa ce projet, le qualifiant de véritable dictature », et il se prononça pour la liberté absolue » de l’enseignement. Considérations sur la liberté d’enseignement par Marie-Henry de La Garde, suivies d’une lettre adressée à l’auteur par Edmond About, 1860, p. 46-47. En 1864 parut Le Progrès, qui est peut-être le chef-d’œuvre d’About, et son ouvrage de doctrine le plus fécond et le plus abouti. Me proposant d’analyser plus loin les idées libérales d’About, je ne ferai ici que mentionner son succès remarquable, et ses rééditions en 1864, 1865, et 1867. La popularité et le succès n’étant par définition pas communs, je joindrai dans cette analyse bibliographique la liste des rééditions des textes libéraux d’About, car peu d’auteurs, mis à part peut-être Jules Simon, ou Tocqueville mort en 1859, rencontrèrent à cette époque une si large diffusion. En 1865, About publia encore une petite brochure, reproduite plus tard dans la deuxième série des Causeries elle est consacrée à la liberté du travail des femmes. Il avait saisi l’occasion du rejet des femmes de l’industrie typographique, rejet qu’il qualifie de prétention injuste, illibérale, illogique au premier chef » La justice, etc., 1865, p. 7 ; Causeries, vol. II, 1866, p. 298, pour faire le procès des inégalités légales, existantes ou projetées, entre les hommes et les femmes. Son argument majeur était qu’il n’y a pas deux logiques, l’une pour les hommes, l’autre pour les femmes, et que la liberté du travail vaut pour tout le monde. La justice, etc., 1865, p. 22 ; Causeries, vol. II, 1866, p. 318 Aussi disait-il aux hommes qui cherchaient à exclure du marché leurs concurrentes féminines et à les renvoyer dans leur foyer, où elles gagneraient leur pain comme elles pourraient Tout être intelligent choisit librement un travail, selon ses goûts et ses aptitudes. Vous trouveriez injuste et révoltant que l’on vous contraignît à casser des pierres sur les routes. Homme ou femme, chacun peut vivre comme il lui plaît, pourvu qu’il ne nuise à personne. » La justice, etc., 1865, p. 17 ; Causeries, vol. II, 1866, p. 312 Mais je reviendrai plus tard sur la défense de la cause féminine par Edmond About. Dans le domaine de l’économie politique, il a encore consacré un livre pour prouver aux masses l’utilité des assurances sur les biens et sur les personnes Les questions d’argent. L’Assurance, 1865, réédité en 1866 et 1874 et une petite brochure sur le thème plus précis encore de l’épargne populaire et de l’assurance sur la vie Le capital pour tous. Plus de prolétaires, 38 millions de bourgeois, 1868. Mais c’est surtout son A B C du travailleur 1868 qui nous arrêtera. Cette œuvre généraliste qui connut un vrai succès, et qui sera rééditée quatre fois 1869, 1879, 1882, 1888, était conçue comme un traité d’économie à l’usage des masses. Le Catéchisme d’économie politique de Jean-Baptiste Say étant jugé trop austère et trop abstrait, About en livra sa propre version, en lui donnant aussi un titre laïcisé. C’était, sur le terrain des questions proprement économiques, la continuation de son œuvre de propagandiste. [Nature de sa contribution au libéralisme] Les écrits d’About sont remplis de passages succulents, de bons mots, de comparaisons habiles, propres à toucher les masses. Les contemporains qui l’ont côtoyé racontent que lorsqu’un trait saillant traversait son esprit, il ne pouvait s’empêcher ou de le dire ou de l’écrire, et que dans les réunions privées qu’il égayait de son esprit, sa femme même ne pouvait le retenir, et gémissait impuissante en disant Edmond ! » Marcel Thiébaut, Edmond About, 1936, p. 129-130. Son humeur mordante, son esprit sans cesse railleur, le font distinguer de Bastiat, auquel il ressemble tant par ailleurs, mais dont la verve était propre, presque douce, comme son caractère. About au contraire, qui sait manier l’humour, ne manque pas non plus de la capacité d’écraser son adversaire sous une plaisanterie confondante. Sa contribution au libéralisme français se rapproche, par l’intention, de celle de Frédéric Bastiat mais About n’a pas de prétention scientifique, et s’il étudie les faits et les statistiques, ce n’est pas pour en faire usage, mais pour observer ou vérifier des tendances. L’économie politique, il la saisit comme un écolier, et ne songe pas à la réformer. Ce qu’il accomplit, ou du moins ce qu’il ambitionne, c’est de passer les vérités de la science dans le fond commun du savoir, c’est d’enseigner les principes de la liberté aux prolétaires, par exemple, en publiant des livres attrayants, des brochures à bon marché, qui parlent leur langue et soient décidément destinés à les instruire. Edmond About dispose pour cela du tempérament et des compétences techniques nécessaires. Séduit, vers 1848, par les idées socialistes, desquelles il est revenu, il connaît la force des préjugés populaires et ne médit pas du pauvre ouvrier qui déraisonne. Lui aussi, étant lycéen, s’imaginait que la communauté des hommes devait se faire dans le partage des richesses de ce monde, que la terre était à tous, ou que l’argent était sale, et la richesse une flétrissure A B C du travailleur, 1868, p. 11, 180. About sait en outre parler le langage des masses, en assaisonnant ses considérations théoriques de comparaisons et d’historiettes. [Appui donné par l’étude de ses papiers inédits] Mais avant d’en venir aux principes qu’il a défendus dans ses écrits en renouvelant leur présentation et leur argumentation, il me faut indiquer une ressource supplémentaire à la compréhension de sa pensée vraie. Son livre du Progrès rassemble, je l’ai dit, ses conceptions libérales et les expose d’une manière didactique et assez complète. Mais l’examen des papiers d’About indique que ce texte n’était qu’une version adoucie, censurée, d’un premier travail plus audacieux. Déjà Ludovic Halévy avait noté dans ses carnets, en décembre 1863, que le futur livre d’About serait sensiblement remanié par l’éditeur, Louis Hachette. About est à Paris » marque-t-il. Il était hier soir à l’Opéra. Il a terminé un ouvrage politique et philosophique, le Progrès. Ouvrage absolument impie, dit-il, et qui distancera la Vie de Jésus[d’Ernest Renan 1863]. L’athéisme est indiqué comme la base nécessaire des sociétés futures. Quant à Jésus-Christ, Aboutl’appelait Un Israélitedistingué dont M. Renan a fait un portrait trop flatté. Mais le prudent Hachette a reculé devant cette phrase originale About a dû la supprimer. » Carnets, 1862-1869, 1935, p. 28 Aujourd’hui nous n’avons pas la trace du premier état du texte ; mais les archives personnelles d’Edmond About, conservées à l’Institut Ms. 3984, nous donnent à lire un autre document important, à savoir les placards corrigés, où Hachette a porté des commentaires, barré des passages, demandé des adoucissements, sur une version du texte qui était déjà amendée. En comparant les placards avec le texte imprimé, il est clair que le message d’Edmond About a été adouci. À titre d’exemple, l’esprit le plus faux et le plus arrogant du dix-septième siècle, l’évêque Bossuet », devient l’immortel Bossuet » dans le texte imprimé. De même, un passage qui critique l’administration après l’accident sur le chemin de fer des dunes de l’Ouest, entre Carnac et Quiberon, se trouve tout à coup transporté en Chine, entre Ning-Po et Ky-Tcheou, pour ne pas heurter les sensibilités. Non seulement About a dû faire des concessions dans le style, pour éviter les attaques trop violentes contre la religion notamment, mais il a transformé aussi à certains endroits sa pensée, quand elle était jugée trop audacieuse. J’en donnerai ici un exemple frappant. Le dixième chapitre du placard, intitulé Le droit et l’association » — et qui est devenu le cinquième dans l’imprimé, sous le titre Le droit » —, se présente comme un grand exposé sur les droits individuels. Une modification de quelques mots, entre le placard et l’ouvrage imprimé, a produit dans cette discussion une altération majeure. Dans la version originale, plus ou moins remaniée déjà, qu’on lit dans le placard, le chapitre s’ouvre par ces mots Qui que tu sois, lecteur, mâle ou femelle, fort ou faible, savant ou ignorant, noble ou roturier, Bourbon ou Durand, je te déclare, au risque d’étonner ta sottise et d’épouvanter ta couardise, que tu n’as ni maître, ni chef, ni supérieur naturel, et que ta personne et tes biens ne relèvent que de toi. » Bibliothèque de l’Institut, Ms. 3984 Or l’imprimé fait une brève modification, très lourde de sens, et on lit désormais Homme grand ou petit, riche ou pauvre, fort ou faible, savant ou ignorant, noble ou roturier, Bourbon ou Durand, je te déclare, au risque d’étonner ta sottise et d’épouvanter ta couardise, que tu n’as ni maître, ni chef, ni supérieur naturel, et que ta personne et tes biens ne relèvent que de toi. » Le Progrès, 1864, p. 59 Toute la puissance de la pensée d’About sur le droit égal des femmes à la liberté individuelle et à l’auto-détermination est perdu. Certes, on peut encore lire dans le chapitre imprimé quelques affirmations courageuses, mais désormais vagues et sans force, comme celle qui professe qu’ il n’y a point de degrés dans la dignité humaine » Le Progrès, 1864, p. 59, mais l’agencement original du chapitre et la formulation très claire de son ouverture rendait davantage compte des intentions précises de l’auteur. L’étude de ce document permet du moins cette observation précieuse, qu’au sein d’une génération de libéraux dont la conversion aux principes du féminisme libéral était encore à faire, Edmond About a cherché avec fermeté à placer la liberté individuelle des femmes sur le plan de l’égalité. En consultant ses romans ou ses autres ouvrages sérieux ou réputés tels, cette connotation n’est certes pas une surprise. On sait qu’il disait de la question des femmes, que c’était un sujet sur lequel on ne saurait trop s’étendre » Causeries, vol. II, 1866, p. 14 Et non content d’avoir livré bataille pour leur garantir l’accès libre aux différents métiers — et non seulement aux activités du foyer, ou aux professions dites féminines — About avait aussi condamné la pauvreté de l’éducation morale et intellectuelle apportée aux jeunes filles. Toute une moitié de la nation, le sexe féminin », écrivait-il, appartient à la catégorie des non-valeurs relatives. Assurément, la nature n’a rien fait de meilleur ni de plus intelligent que la femme ; elle est propre à tous les travaux de l’esprit ; elle est capable de tous les actes de dévouement et d’héroïsme. Elle est plus courageuse que l’homme et sans cela, la terre serait dépeuplée depuis longtemps ; elle est plus sobre ; elle a toujours plus de finesse et souvent plus d’élévation dans les idées. Elle aborde avec succès le commerce, l’industrie, l’art, les lettres, les sciences, la politique même, lorsqu’un heureux hasard la met hors de page et émancipe ses talents. Mais l’homme, qui s’applique si bravement à perfectionner ses bœufs, ses chevaux et ses chiens ; l’homme qui a su dresser les éléphants à danser la polka, les barbets à faire l’exercice et les petits oiseaux à dire la bonne aventure, met presque autant de zèle à rabaisser sa compagne et son égale par la plus odieuse et la plus sotte éducation. J’ai lu je ne sais où, mais assurément dans des livres écrits en style noble, que le christianisme et la chevalerie avaient mis la femme sur le trône comment se fait-il donc qu’elle soit encore gouvernée comme une ilote en jupons ? Pourquoi l’instruction qu’on lui donne est-elle entièrement tournée à l’ignorance ou à la niaiserie ? Dans quel intérêt traitons-nous son cerveau comme le mandarin traite les pieds de sa chinoise ? Pourquoi poursuivons-nous d’une sorte de réprobation toute femme qui cultive un autre art que la musique ? Pourquoi le travail est-il organisé de telle façon qu’une femme ne puisse honnêtement gagner sa vie ? Pourquoi les industries féminines par excellence sont-elles envahies par MM. les lingers, corsetiers et couturiers, tandis qu’une femme est généralement reçue à coups de fourche lorsqu’elle se présente comme compositeur dans une imprimerie ? » Le Progrès, 1865, p. 129-130. Ailleurs, il demandait s’il était si précieux et utile de bander les yeux des jeunes filles sur les pratiques de la vie maritale, et si un savoir honnête aurait été vraiment un vain bagage Causeries, vol. II, 1866, p. 22. [Les principes du libéralisme popularisés par About] About a poursuivi sa carrière de propagandiste des idées libérales avec l’ambition première d’être clair, instructif et convaincant. Il écrivait pour les masses, et cela impliquait d’adapter l’exposition et l’expression des idées au lecteur, fût-il un simple paysan, un manouvrier ou un domestique. La gloire des grandes productions de l’esprit, About la laissait à ses amis, collègues, et fréquentations, Michel Chevalier, Édouard de Laboulaye ou Hippolyte Taine. Sa tâche à lui était plus sommaire. La plupart des savants écrivent pour se faire admirer », notait-il une fois ; je ne suis qu’un ignorant de bonne volonté, et je n’ai d’autre ambition que d’être compris. » L’Assurance, 1865, p. 23 Même renfermé dans ces bornes modestes, About frappait par son enthousiasme et son ardeur communicative. D’un coup d’œil, il saisissait la grande valeur d’une question d’économie politique, et l’exposait sans broncher en termes simples à un public enragé par les préjugés contraires. Pour ceux qui, à ses côtés, ne partageaient pas son goût pour les questions économiques, il paraissait un illuminé, touché par la grâce. Qu’il s’agit du libre-échange ou des sociétés de coopération », dit Joseph Reinach, de la question monétaire ou des grèves, des non-valeurs de la terre ou de l’assurance, des transports ou de la mutualité, ils’assimilait les principes généraux avec une prodigieuse facilité et il en parlait avec une telle abondance d’arguments et de renseignements, avec une telle précision et une telle sûreté, qu’on eût juré qu’il ne s’était jamais occupé d’autre chose. » Le dix-neuvième siècle, 1892, préface, p. xxxv Cette terre d’adoption n’était pas, on le sait, sa spécialité, car à vrai dire About n’en eut jamais aucune ; aussi on n’espère pas qu’il fût, dans la défense des idées libérales, aussi neuf et brillant que les grands maîtres à penser qui lui donnèrent la matière de ses ouvrages. Son mérite est à trouver ailleurs. Écrivant pour les ouvriers, il leur parle un langage de sagesse, et donne le change aux écrivains socialistes qui enveniment les débats. About, lui, n’offre ni séduction factice ni promesse illusoire. Aux ouvriers qui répètent les mots qui les ont flatté, et se disent des déshérités, il répond que non rien n’est plus faux. Déshérités par qui ? Déshérités de quoi ? Leurs pères n’ont rien laissé pour eux. Ont-ils la prétention d’hériter d’un inconnu, au détriment des successeurs légitimes ? » A B C du travailleur, 1868, p. 261. De même, About écrit que c’est presque toujours par une méprise que l’ouvrier se croit volé par le capital ou le capitaliste il s’exagère la valeur de son travail et déprécie le travail de son collaborateur, ce travailleur massif en fonte, qui a pour nom capital. A B C du travailleur, 1868, p. 266 Par ricochet les profits et ce que l’économie marxiste nommait la plus-value sont de toute justice, et aucune expression n’est plus vide de sens que celle qui parle d’exploitation de l’homme par le capital. Les agitateurs socialistes, dont les péroraisons raisonnent dans les usines, se trompent donc sur les motifs ; et l’on s’aperçoit rapidement que leurs conclusions ne valent guère mieux. Redistribuer les revenus serait une pratique honteuse et illégale, dit About, car l’État a pour mission de protéger les propriétés, non de les violer. Le capital pour tous, 1868, p. 4 Décerner des droits nouveaux par excès de philanthropie irait de même à contre-sens du progrès. Le droit à l’éducation, notamment, est une prétention abusive, qui renverse les droits et corrompt le principe de la propriété. Le Progrès, 1864, p. 70 Et si les ressources de l’association sont estimables, ce n’est pas, dit-il, dans de grandes sociétés coopératives de consommation qu’il faut placer ses espoirs, l’essai ayant donné, en Angleterre, des résultats piteux, hélas conformes aux principes. A B C du travailleur, 1868, p. 283 De même, la grève a pour vice rédhibitoire de nuire également aux deux parties et de produire des privations et des ruines, quand il serait plus sensé de s’entendre d’emblée. Causeries, vol. II, 1866, p. 143 Quelle solution reste-t-il, alors ? Il reste pour l’ouvrier pauvre la ressource d’une organisation sociale et économique qui facilitera son élévation, c’est-à-dire la liberté de produire et d’épargner paisiblement. A B C du travailleur, 1868, p. 156 Il lui reste aussi à comprendre que les intérêts du capital et du travail sont harmoniques, et qu’au lieu de maugréer contre la fortune d’autrui, il vaut mieux qu’il souhaite à son prochain l’opulence et la fortune, et cela dans son propre intérêt. Idem, p. 138-139 et p. 140 Dans une démarche d’honnêteté intellectuelle, et avec un vrai sens de l’intérêt des travailleurs, About expose aussi les grands principes de l’économie libre, par lesquels chacun consomme, travaille ou échange, porté par le courant continuel du progrès. Dans l’A B C du travailleur, notamment, il revient sur le motif structurant de l’intérêt personnel, qui est à la base de l’échange et des autres faits économiques. Tous les producteurs produisent en vertu du même principe » explique-t-il, qui est l’intérêt personnel bien compris. Le boulanger ne pétrit pas le pain pour nourrir les autres hommes, mais pour gagner son pain lui-même et manger à son appétit. Le maçon ne bâtit pas pour loger le prochain, mais pour payer son terme. » A B C du travailleur, 1868, p. 63-64 Et si chacun obtient par son travail spécial les moyens de mener sa vie et de la soutenir, c’est que l’échange leur permet d’obtenir ce qu’ils désirent. Ce mécanisme de l’échange, central dans l’économie des sociétés, About en fait un vibrant éloge, et il dit à ses modestes lecteurs que si les hommes raisonnaient un peu, ils seraient tous en admiration et en reconnaissance devant le mécanisme bienfaisant de l’échange. Il nous permet d’obtenir tous les biens qui nous manquent, tous les services que nous ne pourrions nous rendre à nous-mêmes. Et à quel prix ? Moyennant un travail utile, n’importe lequel, qui est toujours laissé à notre choix. » Idem, p. 121-122 Le mérite du fonctionnement libre du marché se présente aussi par contraste, lorsque l’on considère les opérations auxquelles donne lieu l’intervention de l’État dans l’économie primes, subventions, services publics. On se demande par quelle notion de la justice les amateurs de spectacles, du théâtre et de l’opéra, par exemple, voient leur places subventionnées par ceux qui préfèrent passer leur soirée au café, où aucun concitoyen ne paie leur addition. Le Progrès, 1864, p. 319 C’est pourtant ce qui survient dans toute opération qui dépend du domaine administratif, rappelle About l’homme qui reste chez lui paie l’entretien des routes impériales, et celui qui ne va pas à la messe n’en contribue pas moins à la réparation des églises. Idem, p. 235 À l’inverse, le marché — ou l’association libre », comme dit About — coordonne directement les besoins individuels et établit leur balance dans la justice et la proportionnalité. Ainsi, en achetant un billet l’utilisateur d’une ligne de chemin de fer pait le prix du service qu’on lui rend, et celui qui ne voyage pas conserve son argent pour assouvir ses propres besoins. Idem, p. 235 Le mécanisme de l’échange a encore pour vertu d’harmoniser les intérêts et d’introduire un élément structurant de solidarité entre les peuples des différentes nations. Dans l’A B C du travailleur, About revient sur cette prétention courante chez les masses, de ne guère se préoccuper ou s’émouvoir des malheurs économiques ou sociaux survenus dans une autre partie du monde, et que les journaux français leur rapportent. Que m’importe le choléra, s’il est aux Indes ? » tel est le langage du commun. Qu’ai-je à craindre de la guerre civile, si elle se débat entre Américains ? Les Taïpings ont égorgé toute la population d’une province, mais je m’en moque bien c’est en Chine ! » A B C du travailleur, 1868, p. 129 Pour lutter contre cette erreur économique, About explique comment la destruction d’un bien, l’incendie d’un quartier, le saccage d’une récolte, produisent par ricochet les plus terribles conséquences jusqu’à l’autre bout de la planète. Car les hommes et les femmes du monde entier sont les clients et les fournisseurs les uns des autres ; et celui qui s’est ruiné n’achète plus et ne vend plus. Aussi, la conclusion est celle d’un humanisme à l’échelle du monde, credo qu’About a plusieurs fois répété dans ses œuvres dans L’Assurance, il parle de ces hommes blancs, jaunes, rouges et noirs, tous solidaires les uns des autres comme les doigts de la même main » L’Assurance, 1865, p. 29, et dans l’A B C du travailleur, où cette idée apparaît dans tout son développement, il donne encore cette même leçon, que ni les distances qui nous séparent, ni les diversités d’origine, de couleur et de civilisation qui nous distinguent, ni même les malentendus qui nous arment parfois les uns contre les autres n’empêchent l’humanité de former un grand corps. » A B C du travailleur, 1868, p. 130. Le mécanisme de l’échange pourvoyant avec justice aux besoins économiques des populations, le rôle de l’État apparaît à About comme devant être essentiellement négatif il s’agit uniquement de protéger les individus des ennemis du dehors et des malfaiteurs du dedans. A B C du travailleur, 1868, p. 166. À ce titre, l’État peut être comparé à une grande société d’assurances mutuelles. Le capital pour tous, 1868, p. 3 Toute intervention positive, contrevenant aux motifs des échanges libres, amènerait des déceptions. D’abord les résultats ne seraient pas à l’auteur des ambitions, comme pour la fixation des salaires, où l’intervention de l’autorité force les entrepreneurs à se passer des ouvriers dont le tarif excède la vraie valeur. A B C du travailleur, 1868, p. 268. Ensuite, l’opération, même vaine, aurait encore eu pour méfait de violer la liberté individuelle, qui est chose précieuse. Elle l’était, du moins, suffisamment pour About, pour qu’il combatte chaque fois pour elle, et pour qu’il cherche à convaincre ses concitoyens de sa valeur suprême. Quant à ceux qui se promettaient une existence plus douce dans les fers de l’étatisme ou du collectivisme, il les laissait se débattre dans leur folie, et se contentait de les avertir Bonnes gens, vous êtes libres d’abdiquer tous vos droits, puisque vous y trouverez quelque mérite ; mais n’abdiquez pas les miens, par un excès de zèle ! Si le besoin d’obéir vous tourmente si fort, entrez dans une de ces associations particulières où l’on fait vœu d’obéissance j’en serai quitte pour ne pas m’enfroquer avec vous. » Le Progrès, 1864, p. 214 Quoiqu’il ait toujours affiché une préférence marquée pour les questions relevant de l’économie politique — dans le sens assez étendu qu’avait alors ce terme —, Edmond About a aussi défendu la liberté et les solutions libres dans des aspects les plus divers. Il n’est pas jusqu’aux questions de déforestation et de survie de la faune, qui ne l’aient vu proposer des solutions conformes à l’initiative individuelle. Il voulait qu’avec quelques précautions de rigueur toutes les forêts de l’État et des communes soient vendues et exploitées enfin fructueusement par des individus ou des associations privées. Le Progrès, 1864, p. 123 De même, il fournit des explications sur les moyens qu’emploie en Allemagne l’initiative individuelle, et qu’elle emploierait de même en France si on n’y mettait des bornes, pour repeupler les étangs et les forêts des espèces animales que la gestion laxiste et maladroite des autorités voit diminuer et parfois disparaître Idem, p. 93-94. Dans le domaine de la politique, il a défendu avec beaucoup de ferveur l’autonomie locale et il appelait ses compatriotes à décentraliser, mot qui était encore un barbarisme, et qu’il a participé à imposer, une quinzaine d’années avant son entrée dans le dictionnaire de l’Académie. Le Progrès, 1864, p. 232 Converti, avec quelques réticences, à la démocratie complète et au suffrage universel, il entrevoyait des périls possibles dans la tendance des candidats à flatter ce qu’il appelait les illusions plébéiennes ». A B C du travailleur, 1868, p. 278 Dans un article de son journal Le dix-neuvième siècle, il arguait même que les codes, qui sont comme les bases de la société et de la civilisation, devraient être à l’abri des actions législatives. Le Dix-neuvième siècle, 2 septembre 1872 ; éd. Reinach, 1892, p. 22. [La question de la religion] La plupart de ces idées et propositions libérales sont en phase avec l’orthodoxie des autres grands penseurs du siècle. L’une des dimensions de l’œuvre d’Edmond About, au contraire, a donné lieu à des divisons très fortes parmi les différents représentants du libéralisme français, et mérite donc un traitement à part il s’agit de la religion. Edmond About a participé au front anti-clérical, anti-religieux, présent dans le libéralisme français, menant sa vie durant un combat âpre et remarqué contre toutes les croyances mystiques. À l’instar de Voltaire, de Bayle ou plus tard d’Yves Guyot, il se rattachait à l’école des libre penseurs, ces esprits positifs, rebelles à toutes les séductions de l’hypothèse, résolus à ne tenir compte que des faits démontrés. » Nous ne contestons pas l’existence du monde surnaturel », disait-il encore ; nous attendons qu’elle soit prouvée et nous nous renfermons jusqu’à nouvel ordre dans les bornes du réel. » Le Progrès, 1864, p. 9 De même qu’Yves Guyot, dans sa préface à la réédition de la Religieuse, expliquera en 1886 la nécessité de continuer le combat engagé par Diderot contre les couvents où l’on enferme les jeunes filles nubiles La Religieuse, 1886, p. xxxvi, de même Edmond About affirmera que les fabricants de miracles sévissent toujours, que les velléités autoritaires de l’Église ne sont pas de l’histoire, et que de nouvelles superstitions, plus sottes peut-être et plus répugnantes, ont succédé à celles dont Voltaire avait fait justice. Le Dix-neuvième siècle, 18 juillet 1876 ; éd. Reinach, 1892, p. 109 Dans cette entreprise, About jeta tout le sel, toute l’amertume et toute l’ironie qu’il puisait en lui, et il se rendit détestable à quiconque conservait un souffle de conviction religieuse. Aujourd’hui encore, un honnête chrétien ne pourrait lire certaines de ses tirades sans grimace. Quand il évoque les haras, il souligne par un éloge feint les soins que donnaient à cette œuvre les moines de l’ancien temps, grands reproducteurs eux-mêmes » Le Progrès, 1864, p. 167 ; et quand il évoque les Papes, dans son traitement de la question romaine, il ne peut s’empêcher d’appeler cette institution une dictature sempiternelle, oisive, taquine, ruineuse, que des vieillards hors d’âge se transmettent de main en main » La question romaine, 1859, p. 123. À l’évidence, cette aigreur a participé à la célébrité du personnage. Elle n’était d’ailleurs pas feinte, ni forcément outrée. Dès ses jeunes années à l’École normale, raconte son ami Francisque Sarcey, About était si fixé dans son opposition à la religion, qu’il ne pouvait plus voir un catholique. Quand Barnave [Charles Barnave, élève comme eux et futur prêtre] parle, son visage se contracte et, s’il lui répond, les mots amers et blessants lui coulent de la bouche. » Il faut avouer aussi que Barnave le lui rend bien », continue Sarcey. Il y a un mot de lui qui est authentique Quand je vois passer About, disait-il, il me prend des envies soudaines de sauter sur lui, de l’étrangler de mes mains ; il me semble que je rendrais service à la religion. » Journal de jeunesse de Francisque Sarcey, 1903, p. 141. Au-delà de la violence du langage, il y a cependant, dans le combat anti-clérical d’Edmond About, quelques faits saillants qui méritent d’être rappelés. D’abord, en exposant les principes du libéralisme économique à destination des ouvriers, il était naturel qu’il blâmât les préceptes éculés de l’Église catholique sur l’impureté de la richesse ou l’illégalité du prêt à intérêt. L’Assurance, 1865, p. xvii. De même, quand il défendait le mariage exclusivement civil ou les enterrements civils, en soutenant que personne ne doit être obligé de payer les prières qu’il ne consomme pas, il ne sombrait pas dans l’extravagance, mais promouvait une réforme de justice. Le Dix-neuvième siècle, 29 octobre 1878 ; éd. Reinach, 1892, p. 251-252. Enfin, il ne sera pas désavoué, malgré ses motifs, quand on le verra plaider pour le financement privé des cultes, et quand on lira l’argument selon lequel l’État, étant une association générale pour la répression du crime et la défense du sol, ne doit pas se mêler de sauver les âmes. Le Progrès, 1864, p. 221 Peut-être certains des plus obstinés contre lui porteront-ils eux-mêmes à son crédit la longue lutte qu’il a menée dans les journaux contre certaines aberrations de l’esprit, qui se propageaient à l’époque en dehors de la religion. Médiums, somnambules, devins, cartomanciens, interprètes de songes toutes ces élucubrations se propageaient alors et disposaient de leurs propres journaux ; About en compte jusqu’à dix, et, dans le nombre, dit-il, pas un qui s’imprime à Charenton », le célèbre asile pour les aliénés Causeries, vol. II, 1866, p. 233. Ici se présentent les faiseurs de miracles, comme les frères Davenport, qui méritent d’être démasqués, parce qu’ils s’enrichissent de la bêtise humaine la plus crasse ; là se tiennent les médiums, les spiritistes, qui invoquent les spectres, font parler les morts, et forcent Socrate, Cicéron ou Lamennais, à écrire en français médiocre un supplément à leurs œuvres posthumes. Idem Ce mysticisme pour les esprits faibles, les vieillards et les femmes, serait peut-être à laisser en paix, s’il ne menaçait pas le fonctionnement normal de la société, en renversant les promesses données, en dépouillant des héritiers légitimes ou en jetant sans direction dans les opérations de la Bourse des fortunes patiemment acquise et qui s’y dissipent. Idem, p. 247-248 Mais lorsque ses ravages sont connus, les hommes de bonne volonté ont bien le droit d’avertir les esprits niais qu’on les trompe. Tout au long de sa croisade anti-religieuse, Edmond About a été accusé de fouler aux pieds la liberté de conscience. Il s’en est défendu à plusieurs reprises. En discréditant les aberrations du mysticisme, d’abord, il ne condamnait pas ses adeptes à la pénitence ou au mépris ; au contraire il demandait la bienveillance, et se contentait de donner des avertissements, semblable à celui qui a observé la force de la houle et conseille aux baigneurs de prendre garde. Ce n’est pas attenter à la liberté des moutons que de crier au loup ! » écrivait-il au cours de sa controverse contre le spiritisme. Causeries, vol. II, 1866, p. 266 Il ne mobilisait pas un autre argumentaire lorsque, ayant accepté la concurrence des écoles religieuses pour l’enfance, où il s’agissait surtout de lecture et d’écriture, il refusait absolument que l’Église puisse se mêler de l’enseignement secondaire. Quoique sa préférence fût toute accordée à l’enseignement libre, il reconnaissait à l’État lui-même une supériorité, à cet égard, sur l’enseignement religieux. Tout est perfectible dans l’État », expliquait-il, tout est immuable dans l’Église. L’enseignement laïque fût-il organisé le plus sottement du monde, subordonne tous ses programmes à l’autorité du progrès. Il peut être myope, maladroit, traînard, musard et occupé de cent niaiseries ; il conserve malgré tout le vague instinct de la route à suivre il marche en trébuchant vers le but de l’humanité qui est là-bas, en avant. L’enseignement clérical place le but en arrière. Donc, plus il est habile, insinuant et caressant, mieux il égare la jeunesse. » Le Progrès, 1864, p. 402 Aussi, la liberté ne pouvait être attribuée à une institution qui avait pour vocation et pour résultat de tromper son jeune public et d’égarer leur esprit, et pour se servir d’une expression populaire, la liberté ne pouvait être donnée aux ennemis de la liberté. Assurément », écrivait-il pour s’expliquer, la liberté est la plus noble chose du monde. Toutes les libertés me sont également chères, sauf une cependant la liberté de ceux qui me guettent la nuit, au coin de la rue, pour me tordre le cou. » Le Dix-neuvième siècle, 7 décembre 1879 ; éd. Reinach, 1892, p. 288-289. Et il visait l’Église catholique dans cette dénonciation. [La face sombre d’About. Ses compromissions] Edmond About est comme tout homme qui pense un auteur chez qui les qualités et les défauts s’entremêlent. Lecteur averti, observateur perspicace, il paraît parfois soutenir machinalement les bons principes ; c’est toutefois une sécurité de façade, une force de conviction qui cache le défaut de l’enthousiasme et de la précipitation. Ses capacités de prédiction, de même, étaient médiocres. Il a passé sa vie à prédire des événements qui se sont déroulés selon une séquence précisément contraire. La destruction du monopole de la boucherie, de la charcuterie, et quelques autres, sous l’impulsion de Napoléon III, lui fit croire par exemple que la tendance naturelle du progrès ne connaîtrait plus de revirement, et il promettait à la génération qui le lisait qu’elle verrait tomber tous les privilèges. Le Progrès, 1864, p. 288 En 1868, il écrivait pareillement que le socialisme a livré son dernier combat sous nos yeux, en juin 1848. Il est non seulement vaincu, mais désarmé par le progrès des lumières et le redressement des esprits. » A B C du travailleur, 1868, p. 155 Enfin, dans son analyse de la politique européenne, il appela de ses vœux pendant des années des rapports d’ouverture et de confiance avec l’Allemagne cette fois la réfutation par les faits se passerait sous ses yeux, et elle serait amère. Dans le domaine de la théorie, About a tant écrit que les contradictions ne sauraient nous étonner ce qui marque davantage, c’est la persistance de certaines convictions qu’au regard des principes ordinairement défendus par les libéraux français, on peut appeler proprement hétérodoxes. Ainsi, lorsqu’il refuse à l’Église catholique la liberté de participer au marché concurrentiel de l’enseignement secondaire, il paraît compromettre ses principes au profit de ses convictions. Il n’en est pas autrement, lorsqu’il s’enthousiasme pour le mécanisme de l’assurance sur la vie, et que, regrettant le retard des compagnies privées à cet égard, il se tourne du côté de l’État pour un rôle de facilitateur. Le capital pour tous, 1868, p. 22 On peut classer les compromissions d’Edmond About dans deux grandes catégories, qui correspondent aussi à deux périodes distinctes de sa vie. Dans la première, jeune écrivain ambitieux, il se lie au pouvoir en place et produit des œuvres de circonstance, dans lesquelles il loue servilement la personnalité, les accomplissements et les projets de l’empereur, comme le ferait non un intellectuel, mais un fidèle et un protégé. Dans la seconde, son patriotisme enflammé par les évènements le conduit à des propositions peu consensuelles. [About le courtisan] About affirme lui-même, dans l’un des passages de ses œuvres, qu’il n’est pas homme à se compromettre ou à flatter servilement je ne suis pas de ceux qui usent leurs pantalons aux genoux », écrit-il exactement Causeries, vol. II, 1866, p. 148. Ce type de formule ne doit pas nous en imposer, pas plus que la grande et célèbre profession de foi de Benjamin Constant, sur ses quarante années de même constance dans la défense d’un libéralisme rigoureux, ne doit convaincre d’emblée l’historien scrupuleux. Mélanges de littérature et de politique, 1829, p. vi Edmond About, qui d’abord publia des articles de journaux critiques envers Napoléon III, en devint plus tard un sympathisant, et écrivit plusieurs ouvrages sous son influence et son patronage, sinon tout à fait sous sa dictée. C’est le cas de La question romaine 1859, de La nouvelle carte de l’Europe1860 ou de La Prusse en 1860 1860. Sa conversion avait été facilitée par son opposition de jeune homme aux exaltations révolutionnaires, et au fait que s’il pensait que la république était un joli gouvernement, il croyait aussi qu’on doit prendre le temps comme il vient et tirer le meilleur parti possible du gouvernement que l’on a. » Lettres d’un bon jeune homme à sa cousine Madeleine, 2e édition, 1861, p. iii Pour un temps, ce grand artisan du progrès et des libertés humaines s’abaissait à vanter la grandeur et la force, semblable à cette église catholique dont il avait médit en notant, dans les placards du Progrès, que qui dit clergé, dit prudence et respect du pouvoir tant qu’il est fort ». Bibliothèque de l’Institut, Ms. 3984Lui-même trouvait alors à justifier le pouvoir autoritaire de l’empereur. Il est vrai que l’empereur Napoléon travaille à la grande et à la prospérité de la France avec un pouvoir très étendu », écrivait-il. Mais ce pouvoir, c’est la nation qui le lui a confié. Y a-t-il dans toute l’Allemagne un seul prince qui soit le député de la nation, élu comme Napoléon III par le suffrage universel ? Il est vrai que la majorité des Français obéit, et même avec un certain empressement, à l’empereur Napoléon. Mais cette obéissance est égale pour tous, comme l’obéissance aux lois, comme le paiement des impôts. C’est une obéissance démocratique, parce qu’elle a été votée d’avance par tout le monde, et parce que nul Français n’a le droit de s’y soustraire. » La Prusse en 1860, 1860, p. 18 Cette obéissance démocratique », et autres bassesses indignes de lui, valurent à About des médisances et des reproches. L’échec retentissant de Gaëtana 1862, dont il a été parlé précédemment, n’eut d’ailleurs par d’autre cause. Si la jeunesse parisienne a refusé de voir cette pièce se jouer paisiblement, racontera un étudiant, ce n’est pas pour des défauts de style ou d’intrigue. Nous nous bornons à ne pas aimer votre caractère politique ; et voilà pourquoi Gaëtana a été sifflée. » À Monsieur E. About. Lettre d’un étudiant, 1862, p. 12 Revenu, peu à peu, de cet enthousiasme mal placé, About fit amende honorable, avouant beaucoup de sottises ». J’en ai fait par paroles, par actions et par écrit. Il y a là, dans la bibliothèque, vingt-cinq volumes dont les trois quarts auraient pu se dispenser de naître. Que d’erreurs, de contradictions, de malices inutiles et de violences dangereuses ! Combien d’engouements dont on est revenu, et de sévérités sur lesquelles on voudrait pouvoir revenir ! Baste ! ce qui est fait est fait ; tous nos actes se tiennent par un enchaînement nécessaire. Le plus clair de tout ceci est que j’ai rudement travaillé ; que je n’ai jamais exprimé une pensée qui ne me parût vraie dans le moment ; que mes sottises les moins vénielles n’ont guère nui qu’à moi-même, et que je puis me les pardonner, car elles ne m’empêchent pas d’être heureux. Quand je passerais une autre douzaine d’années à corriger ce que j’ai fait, le monde n’en irait pas mieux. Le parti le plus sage est de tourner le dos au passé, de voir le bien qui reste à faire, les vérités qui restent à dire, et de choisir son lot dans cet énorme travail. » Causeries, vol. II, 1866, p. 338-339. Il n’en continua pas moins de louer certaines actions de Napoléon III, et de s’associer à nombre de ses projets de réformes ; mais il le fit avec discernement, en symbiose avec les principes de liberté qu’il chérissait et dont il s’était fait le populaire défenseur. Ainsi, il pouvait légitimement féliciter l’empereur d’avoir écrit ce crédo remarquable, selon lequel il faut éviter cette tendance funeste qui entraîne l’État à exécuter lui-même ce que les particuliers peuvent faire aussi bien et mieux que lui. » Le Progrès, 1866, p. 177 De même, il pouvait vanter dans l’A B C du travailleur la suppression des passeports, la liberté de la boulangerie, de la boucherie, de l’imprimerie, de la librairie et des entreprises dramatiques ; l’abolition du monopole qui avait accaparé les voitures de Paris ; le droit de coalition qui permet aux ouvriers de lutter à armes courtoises, mais égales, avec leurs patrons ; la liberté du courtage ; la fin du maximum qui régissait la vente du pain ; et enfin une révolution radicale dans le système douanier. A B C du travailleur, 1868, p. 162 Et quant au pouvoir personnel de l’empereur et à son autorité sans bornes, About la plaçait désormais sous la responsabilité du bon peuple de France, qui fut assez bête pour signer par deux fois un bail indéfini et sans conditions avec le premier homme qui fût venu lui offrir un peu de sécurité. Causeries, vol. II, p. 186-187. [Bellicisme] Venons-en désormais à la deuxième époque des compromissions d’Edmond About. En 1860, celui-ci promouvait une politique d’amitié avec l’Allemagne ; c’est un errement dont il revint. Mais lorsque la menace d’une absorption de l’Allemagne par la Prusse se dessina, son nationalisme et sa ferveur ne connurent plus de bornes, et il s’engagea par la plume pour la défense de l’idée d’une guerre protectrice. Certes, le conflit franco-prussien allait écraser les dissentiments doctrinaux, et les pacifistes eux-mêmes se trouveraient impuissants. Mais sans doute y a-t-il plus d’honneur à s’être trouvé aux côtés de Frédéric Passy ou de Joseph Garnier, écrivant au Roi de Prusse en octobre 1870 pour qu’il cesse les hostilités et écoute leurs raisons Frédéric Passy, Historique du mouvement de la paix, 1904, p. 35, plutôt qu’à avoir, comme About, pesté contre le parti des doux », qui refusent la guerre ou font d’immenses efforts pour l’éviter. La guerre est une triste nécessité, d’accord », écrivait-il dans sa ferveur. Il est à souhaiter que les nations règlent leurs intérêts à l’amiable ; mais tant qu’il y aura des ambitieux et des violents sur les trônes, il faudra bien opposer le chassepot au fusil à aiguille, et prêter main forte au bon droit… Le paysan, l’ouvrier, le marchand ont cent raisons pour une d’aimer la paix, mais lorsqu’ils sentent que l’intérêt général est en danger, ils ne se dépensent pas en pleurnicheries humanitaires, ils n’épiloguent pas sur les prétextes, ils ne demandent pas si le gouvernement a besoin de se refaire une popularité ; ils disent tout simplement va pour la guerre ! Faisons-la bonne, puisqu’il n’y a pas moyen de l’éviter, et plaise à Dieu que celle-ci soit la dernière ! » Le Soir, 17 juillet 1870. Lorrain de naissance, devenu parisien par nécessité, About fut surtout un Alsacien d’adoption, et c’est dans sa demeure de la Schlittenbach commune de Saverne qu’il écrivit la plupart des ouvrages qui forment le fond de cet article. La défaite de la France entraînait donc à sa suite, non seulement un démenti formel à ses élucubrations diplomatiques du début des années 1860, mais aussi la fin de sa vie paisible en Alsace. C’est ce qui explique, sans toutefois la justifier, la grande ardeur qu’il démontra durant la douzaine d’années qui lui restait à vivre, contre tout projet de rapprochement avec l’Allemagne ou d’accord, d’accommodement avec ce pays ennemi. C’était, de son point de vue, une question d’honneur national. Quel que soit l’intérêt qui puisse nous conseiller un jour de rechercher ou d’accepter l’alliance des Allemands, nous ne le pouvons pas ; l’histoire nous flétrirait comme une nation de pleutres. » Le Dix-neuvième siècle, 18 novembre 1884 ; éd. Reinach, 1892, p. 390 [Colonialisme] Ce même motif de l’honneur national fit prendre à l’engagement d’About un nouveau tour curieux une fois la guerre franco-prussienne terminée. Dans le Progrès, il avait défendu le droit populaire et l’indépendance des nationalités, soutenant même que révolutionner les gens malgré eux, c’est encore les opprimer. Chaque association d’hommes est maîtresse de ses destinées. Si quelqu’un se complaît dans l’obéissance ou dans la dépendance, personne n’a le droit de l’affranchir contre son gré. » Le Progrès, 1864, p. 461, 435. Sur un autre plan, il avait, ainsi qu’il a été expliqué, affirmé la solidarité des peuples de toutes les couleurs et de toutes la nationalités, et il se disait opposé à l’idée de l’inégalité des races L’Assurance, 1865, p. 29 ; Causeries, vol. II, 1866, p. 345. À cette époque, il remarquait qu’au centre de l’Afrique ou sur quelques îles de l’Océanie se trouvaient des peuplades que l’angle facial, le volume du cerveau et les facultés intellectuelles plaçaient encore, disait-il, au niveau du gorille, ou peu s’en faut, et il les appelait les traînards de l’armée » Le Progrès, 1864, p. 17-18. Mais c’est surtout la défaite de 1870 qui créa chez lui ce besoin vital du rebond ; et comme une grande partie de sa génération, c’est dans la colonisation qu’il trouva l’opportunité de ce sursaut d’honneur national. Ses biographes s’accordent pour dire que dans les dernières années de sa vie, Edmond About a été un défenseur passionné de la colonisation, et que ce thème devint alors l’un de ses favoris. Albert Thiébaut, Edmond About, 1936, p. 172 ; Rey, EdmondAbout ou les tribulations d’un petit-fils de Voltaire au XIXe siècle, 2003, p. 301. Il devint même président de la Société française de colonisation, fondée primitivement à Brest en juillet 1883 par M. Froger, professeur à l’École navale. À cette époque, ses convictions s’étaient raidies, et les vieilles appréhensions qu’il avait manifestées dans certains de ses ouvrages, notamment sur la médiocre et incertaine » compensation que la Cochinchine offrait à la perte de Madagascar, où les Français s’étaient rués en masse au profit des jésuites qui nous taillent des croupières à Paris », étaient abandonnées au profit d’une conviction plus sereine Le Progrès, 1864, p. 322 et 476. La déchéance nationale, symbolisée par la défaite, avait blessé sont cœur patriotique ; or il fallait offrir autre chose à la France, cette grande et malheureuse nation démembrée, ruinée, humiliée, reléguée au second ou au troisième rang des puissances européennes », et à son peuple, privé de destin, et jouissant alors du triste avantage de n’être rien. » Le Dix-neuvième siècle, 21 septembre 1877 ; éd. Reinach, 1892, p. 183 ; Idem, Le Dix-neuvième siècle, 30 mai 1876 ; éd. Reinach, 1892, p. 106 Son programme colonial s’établissait ainsi dans la certitude, quoique dans les modalités About accorda une large place aux circonstances politiques. Ses articles, dans les journaux auxquels il a contribué ou qu’il a dirigé à cette époque, professent la nécessité de tirer parti des occasions, afin d’accomplir un projet conçu comme vital pour le pays. Serrés, contraints, presque étouffés dans nos nouvelles et déplorables frontières », écrit-il par exemple, les Français de 1883ne peuvent respirer librement que loin d’ici. Nosvieilles colonies sont mortes, ou bien malades. Il nous faut à tout prix en créer de nouvelles, sous peine de glisser au rang des peuples déchus. Le dernier ministre Ferry nous a donné la Tunisie que nous tenons et que nous garderons, quoi qu’il en coûte. L’expédition de M. de Brazza nous promet une France africaine au Congo il faut la prendre. Nous avons des droits incontestés sur l’île de Madagascar il faut les maintenir. Le protectorat du Tonkin s’impose aux maîtres de la Cochinchine il faut nous établir au Tonkin. » Le Dix-neuvième siècle, 9 avril 1883 ; éd. Reinach, 1892, p. 349 About n’en avait pourtant pas perdu sa clairvoyance. Quoiqu’il ait pu être légitiment tenu pour l’un des responsables, il s’attristait de l’expansion féroce et maladroite du territoire colonial français, et il soutenait qu’en matière de colonisation, les gouvernements successifs s’étaient comportés comme ces enfants à qui l’on dit qu’ils ont eu les yeux plus gros que le ventre. Mieux vaudrait posséder moitié moins de sujets exotiques, jaunes ou noirs, et qu’ils fussent plus positivement à nous » écrivait-il. Le Dix-neuvième siècle, 18 novembre 1884 ; éd. Reinach, 1892, p. 389 About savait en outre que dans beaucoup de territoires la présence française faisait naître des oppositions dangereuses, et qu’en dernière analyse elle absorbait et absorberait encore pendant longtemps des masses de capitaux immenses et un nombre d’hommes considérable. Mais ces considérations, qui par le passé n’avaient pas arrêté Beaumont, Tocqueville et de nombreux autres, ne devait pas non plus renverser sa conviction, fermement ancrée dans les commandements de l’honneur national. Aussi, lorsqu’il soulignait des errements, des travers ou des fautes, il n’en maintenait pas moins la cause de la colonisation. C’est vrai, le plus clair du profit qu’on peut empocher au Tonkin est dans les coups », reconnaît-il ainsi à la veille de sa mort. Mais j’aime à supposer que la France n’a pas encore abjuré les sentiments chevaleresques qui l’ont fait appeler si longtemps la grande nation. » Le Dix-neuvième siècle, 8 janvier 1885 ; éd. Reinach, 1892, p. 394 Ces paroles furent prononcées quelques mois avant que ne s’ouvre au Parlement, tout juste renouvelé, un grand débat sur la colonisation, où s’illustrèrent Georges Clemenceau, Jules Ferry, et, parmi les libéraux, Frédéric Passy. About, mort le 16 janvier 1885, n’assista pas à cette furieuse passe d’armes. [Récente popularité de son livre sur la Grèce] Avant d’en finir tout à fait avec Edmond About, je dois un mot d’explication sur le récent regain de popularité de son ouvrage sur la Grèce. Au début des années 2010, tandis que ce pays se débattait au milieu des difficultés financières les plus graves, et que les accusations de malversations fusaient en sa direction, l’attention se porta à nouveau sur le livre pétillant d’About, publié pour la première fois en 1854, et qui connut ensuite une dizaine de rééditions. Les journalistes et les éditorialistes se passèrent le mot pour délecter leurs lecteurs avec des morceaux choisis de cette œuvre venue d’outre-tombe pour les édifier. Les parallèles, en effet, étaient frappants. About évoquait dans ce livre un pays vivant dans un état de banqueroute permanent, et qui, incapable de lever proprement ses impôts, accumulait des déficits depuis plus de vingt ans. La Grèce contemporaine, 1854, p. 308-309. Son administration, incapable ou corrompue, prouvait chaque jour quelque qu’elle ne savait pas se faire respecter et semblait douter d’elle-même. Idem, p. 66 Celui qui a pour seule ambition de flatter les passions de son lectorat et de vendre du papier à moindre effort, peut à la rigueur s’en tenir à ces phrases. Mais pour nous qui analysons les origines et les manifestations de la pensée libérale française, nous demandons autre chose que les grands effets du théâtre. La Grèce contemporaine fut le premier ouvrage d’About. Il l’écrivit entre 25 et 26 ans, après un séjour en Grèce qui le lançait dans le monde, ses années d’étude à l’École normale tout juste terminées. Son esprit railleur, sa pétulance de jeune homme devaient s’y représenter pleinement. Ayant réussi l’agrégation, mais ne se sentant aucune vocation pour l’enseignement, surtout sous un régime tel que celui inauguré par le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, About avait trouvé une échappatoire dans l’École d’Athènes. Cependant le jeune homme qui débarqua sur le quai du Pirée le 3 novembre 1852 n’appréciait que médiocrement les antiquités et l’archéologie, et dans tous ses déplacements il manifestera son allergie aux vieilles pierres. Lorsque six mois plus tôt, il avait visité l’Exposition universelle de Londres, au milieu de ses examens de l’agrégation, About avait suivi ses penchants ; en montant sur le navire qui l’emmenait en Grèce, il ne faisait que saisir une occasion. D’une nation à l’autre, le contraste était saisissant, et c’est ce qui marqua d’abord About, épris du progrès, admirateur des beautés de la civilisation. En Angleterre, il racontait avoir surtout admiré les machines impressionnantes présentées à l’Exposition. Paul Bonnefon, Edmond About à l’École normale et à l’École d’Athènes », Revue des deux-mondes, 1915, p. 196 Un tout autre spectacle se présentait à lui en Grèce, comme il le raconte à Arthur Bary, son compagnon de voyage à Londres. J’ai bien des fois regretté que vous ne fussiez pas avec moi », lui écrit-il. Après le spectacle de l’activité anglaise et des beaux résultats qu’elle a produits, vous auriez vu ici le triste tableau des effets de la paresse. Athènes est un horrible village, en comparaison de la plus petite ville d’Angleterre. Point de pavé, point d’éclairage ; des maisons bâties àla hâte avec de la terre, ou, ce qui est pis, avec des chefs-d’œuvre en débris ; une campagne ou inculte ou mal cultivée les paysans croient avoir assez fait quand ils ont gratté l’épiderme de la terre, et les Athéniens de la ville se croiraient déshonorés de porter un fardeau. Ils vont faire les beaux dans la ville et s’étaler au soleil dans leur brillant costume voilà la seule occupation qui leur semble digne d’eux. Il y a plus d’honorabilité barbarisme anglais dans un ouvrier de Liverpool, noir de charbon, que dans cinquante de ces gens d’opéra-comique qui pavent les rues ici. Mais je ne veux pas en dire trop de mal avant d’avoir fait plus ample connaissance je ne suis ici que de ce matin. Et s’il faut se garder de juger un homme à première vue, à plus forte raison quand il s’agit d’un peuple. Cependant, quand vous voyez un homme qui sort en savates, vous avez quelque droit de penser mal de lui ; de même pour une nation et ici, la ville et la campagne sont en savates. » Idem, p. 199-200. La suite de son séjour fut pénible. D’abord, il fallait accomplir les devoirs de son état, et justifier son voyage par l’écriture de quelque mémoire académique, comme celui qu’il donna à l’Académie des Inscriptions sur Égine au point de vue géographique, historique et artistique. Allergique aux vieilles pierres, About était l’homme du monde le plus inapte à ces travaux, et il avançait dans cette carrière avec la plus grande répulsion, voyant son talent frappé d’inertie et se mouvant avec peine, comme une machine sans ressort. Le travail ingrat et stupide auquel je me livre depuis quelques jours m’a fait pousser des pommes de terre dans mon cerveau », écrit-il à sa mère en mai 1853, au milieu de l’un de ces travaux. Bibliothèque de l’Institut, Ms. 3983, f° 289, lettre du 15 mai 1853. Les travaux officiels lui étaient d’ailleurs d’autant plus déplaisants, qu’il s’était attiré assez tôt les rages de ses directeurs, pour avoir fait preuve d’une trop grande autonomie. En août 1852, il raconte ainsi avoir reçu des copies de son article sur le buste de David d’Angers. J’en ai reçu deux exemplaires », écrit-il à sa mère, dont j’ai porté l’un à M. Daveluy qui m’a lavé proprement la tête. Il m’a remontré très vertement qu’un fonctionnaire ne doit rien écrire si ce n’est sous la dictée de son chef immédiat. » Idem, f°80, 16 août 1852. Tout semblait fait pour le dégoûter. La fin de son séjour ne pouvait arriver trop tôt. En juin 1853, il l’entrevoyait, et l’amertume dont son cœur était plein, trouvait alors son exutoire. La Grèce physique elle-même, avec son soleil brûlant et ses paysages superbes, n’était pas en cause. Ce n’est pas que j’aime à calomnier le pays où je me suis tant ennuyé », disait About, ce pauvre pays, je ne lui en veux pas, il fait de son mieux pour être beau. » Idem, à sa mère, f°266, 7 juin 1853. Mais de Paris ou de Londres, il lui manquait les grandeurs de la civilisation matérielle et la conversation des esprits avancés. Il y a des moments où je donnerais tout, soleil, olives, ravins, chevaux, pour une petite place au coin d’une cheminée, entre trois hommes d’esprit et quatre jolies femmes », disait-il alors. Idem. À son retour, About fait la rencontre de Louis Hachette, qui lui suggère d’écrire un livre. Il a déjà des notes abondantes et un premier projet d’écriture non continué. Les choses se passent vite et l’ouvrage paraît en 1854. On trouve, dans la Grèce contemporaine, un constant besoin de faire de l’esprit, qui emporte parfois l’auteur au-delà du véridique et même du vraisemblable, et on peut le prendre plusieurs fois la main dans le sac, coupable d’avoir raillé pour le seul plaisir de faire un bon mot. Quand il évoque ce Quimper-Corentin glorieux que nous vénérons sous le nom d’Athènes » La Grèce contemporaine, 1854, p. 95, ou quand il fustige Corinthe, cette seconde Athènes, qui a produit tant de chefs-d’œuvre et qui ne produit plus que des raisins » Idem, p. 26, il nous dresse plus que la géographie de son ennui en Grèce il raille, en homme qui aime à railler. De façon similaire, quand il marque qu’à la tête de l’État, le roi examine les lois sans les signer, la reine les signe sans les examiner » Idem, p. 350, il a cédé au plaisir de lancer un bon mot. Par conséquent, s’il est capable parfois d’être lucide, et si le contre-pied qu’il prend des éloges outrés de la Grèce s’avère postérieurement une position justifiée, son livre n’est pas celui d’un adversaire déterminé de la Grèce. C’est bien plutôt un sceptique, déterminé à se gausser de tout et quelquefois par conséquent de rien », qui fait le pendant, presque malgré lui, entre le philhellènisme finissant et le mishellènisme bientôt vainqueur Sophie Basch, Le mirage grec la Grèce moderne devant l’opinion française, 1995, p. 115. Au milieu ces deux tendances, About avançait par ses propres forces et en suivant la pente de ses sentiments. Aux Grecs, il reconnaissait de nombreuses vertus, et notamment, dans le domaine politique, l’amour de la liberté, le sentiment de l’égalité, et le patriotisme. La Grèce contemporaine, 1854, p. 61 Il faisait aussi, avec beaucoup de clairvoyance, de ce pays une terre naturelle d’individualisme, analysant très bien comment le découpage du pays en fractions par les montagnes et la mer, avait dû donner naissance à une multitude d’États indépendants qui favorisèrent le développement des droits humains. Dans chacun de ces États », écrit-il, le citoyen, au lieu de se laisser absorber par l’être collectif ou la cité, défendait avec un soin jaloux ses droits personnels et son individualité propre. S’il se sentait menacé par la communauté, il trouvait refuge sur la mer, sur la montagne, ou dans un État voisin qui l’adoptait. » Idem, p. 55 On peut aussi saluer la compréhension assez fine qu’il manifesta du problème économique grec. About parle d’une terre riche, qui ne manque que de capitaux et de routes pour être proprement mise en valeur. Les capitaux ne manqueraient pas, si les affaires offraient quelque sécurité, si les prêteurs pouvaient compter ou sur la probité des emprunteurs, ou sur l’intégrité de la justice, ou sur la fermeté du pouvoir. Les routes ne manqueraient pas, si les revenus de l’État, qu’on gaspille pour entretenir une flotte et une armée, étaient employés à des travaux d’utilité publique. » Idem, p. 140 Il appelait ainsi le gouvernement grec à faire son devoir », en fournissant les services qu’un libéral honnête, mais non tout à fait radical, comme About, devait lui demander construire les infrastructures, et fournir la justice. Benoît Malbranque International Un texte doit être adopté d’ici à la fin du mois d’août par l’État. Il prévoit de bannir toute nouvelle vente de voitures polluantes en 2035. D'ici à 2035, il pourrait devenir impossible d'acheter une voiture thermique. © JEAN-LUC FLEMAL / BELGA MAG / Belga via AFP Toutes les nouvelles voitures vendues en Californie devront être à zéro émission » polluante à partir de 2035 au plus tard, selon un texte qui doit être adopté cette semaine dans cet État à la pointe des efforts pour une transition énergétique du pays. La mesure qui doit être débattue jeudi 25 août par le Bureau californien chargé de la qualité de l'air California Air Resources Board, Carb va officialiser les objectifs fixés en septembre 2020 par le gouverneur démocrate Gavin Newsom, et devrait inciter d'autres États à faire de projet, qui a 99,9 % » de chances d'être approuvé, selon l'un des membres du Carb, Daniel Sperling, qui s'est exprimé auprès de CNN, prévoit différentes étapes. Les véhicules diesel et essence sont visés. Ainsi, en 2026, un tiers des ventes de voitures en Californie devra concerner des véhicules zéro émission », autrement dit, seuls des véhicules roulant à l'électricité, à l'hydrogène et certains véhicules hybrides, et il devra s'agir des deux tiers des ventes d'ici à 2030. C'est monumental », a souligné Daniel Sperling. C'est la chose la plus importante que le Bureau californien chargé de la qualité de l'air ait faite ces trente dernières années. C'est important non seulement pour la Californie, mais pour le pays et le monde. » La Californie avec ses plus de 40 millions de consommateurs est le plus grand marché des États-Unis, et ses normes ont un impact sur la production manufacturière à travers le LIRE AUSSIClimat le mémo qui aurait dû changer le monde »Une révolution en marcheGeneral Motors a déjà annoncé en janvier 2021 son intention de ne plus construire d'ici à 2035 de voitures à émissions polluantes, même si le groupe ne s'est pas ouvertement engagé à n'offrir que des véhicules électriques dans 13 ans. L'adoption très probable de cette mesure californienne devrait intervenir alors que le président Joe Biden a promulgué la semaine dernière un vaste plan d'investissement sur le climat et la santé, qui comprend une enveloppe de 370 milliards de dollars pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % d'ici à 2030. Ces dernières années, de nombreux pays, notamment en Europe, ont tenté de limiter la pollution venant du secteur Royaume-Uni, Singapour et Israël se sont engagés à la fin des ventes de nouveaux véhicules essence et diesel d'ici à 2030, et la Norvège a pris cet engagement pour 2025. L'activité humaine, notamment l'usage des énergies fossiles, a conduit, selon les scientifiques, au réchauffement de la planète, qui a, à son tour, contribué à rendre plus fréquents et violents les phénomènes météorologiques extrêmes. Une des solutions pour lutter contre ce réchauffement consiste donc, selon les scientifiques, à limiter les émissions polluantes issues des énergies LIRE AUSSILe Conseil européen confirme la fin des voitures thermiques en 2035, sauf si… Je m'abonne Tous les contenus du Point en illimité Vous lisez actuellement Les voitures thermiques bientôt bannies en Californie ? 16 Commentaires Commenter Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point. Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

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